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les matières premières. Cependant il est certain que l’Angleterre, où l’emploi du charbon de terre paraît dater du milieu du XIIe siècle, époque à laquelle commençaient, dit-on, les premiers essais d’exploitation en Belgique, en importait chez nous au commencement du XIVe, alors du reste que le bassin de la Loire était déjà superficiellement exploité, ce qui est évidemment dû à la constatation facile du terrain houiller dans cette région. On voit même en 1520 la faculté de Paris délibérer, à la requête du parlement, sur les inconvéniens hygiéniques de la combustion de la houille dans les foyers domestiques. On retrouve la houille parmi les substances que Henri IV avait dans son édit de 1601, exemptées de l’impôt régalien, afin d’encourager les propriétaires du sol à en entreprendre l’extraction ; mais on voit aussi, dans un arrêt du conseil du 14 janvier 1744, portant règlement spécial sur les mines de charbon, que cette libéralité n’avait porté aucun fruit, « soit par la négligence des propriétaires à faire la recherche et l’exploitation desdites mines, soit par le peu de facultés et de connaissances de la part de ceux qui ont tenté de faire sur cela quelque entreprise. Et à ce propos on peut citer un exemple bien remarquable de cette absence de tout esprit déduite qui caractérisait trop souvent l’ancienne administration française. En 1657, Louis XIV, regardant comme nulle et non avenue l’exemption si solennellement proclamée, un demi-siècle auparavant, par son aïeul, abandonnait, pour trente ans, au secrétaire d’état Phélypeaux de La Vrillière son « droit domanial du dixième denier à lui appartenant en toutes les mines de charbon de terre et pierre des provinces du Lyonnais, Forest et Beaujolais. En vain les propriétaires des houillères invoquèrent-ils les dispositions formelles de l’édit de Henri IV ; Louis XIV, dans des lettres de 1660 ; intervenues à l’occasion des difficultés que ceux-ci essayaient de susciter au duc de La Vrillière, rejette leurs prétentions, qu’il qualifie d’artifices, et ajoute que c’est par méprise que le charbon de terre aurait été excepté du droit régalien.

À dater de 1601 jusqu’à Louis XIV, aucun acte général ne paraît avoir été rendu au sujet de l’exploitation proprement dite des mines de houille. En 1689 enfin, le grand roi concédé, pour quarante ans, au duc de Nevers toutes les mines de charbon existant dans la province du Nivernais. Il se montre encore plus libéral pour le duc de Montausier, gouverneur du dauphin, époux de la célèbre Julie d’Angennes, — dont il est peut-être piquant de prononcer le nom, de précieuse mémoire, à propos d’un privilège industriel. Le duc de Montausier obtient, à l’exception des mines de charbon de terre du Nivernais, toutes celles qu’il découvrira de gré à gré des propriétaires, en les dédommageant préalablement suivant et ainsi