Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une persévérance digne d’un meilleur sort, des recherches de houille. Or un kilomètre au moins représente, dans les circonstances les plus favorables, la puissance réunie des formations à percer avant d’arriver à un résultat quelconque. Dans ce dernier cas, les explorateurs raisonnaient contrairement aux principes les plus élémentaires de la géologie : par cela seul qu’à Valenciennes les couches houillères se trouvent, par hasard, immédiatement au-dessous de bancs de craie dont l’épaisseur totale est de 200 mètres, attendu que les formations intermédiaires manquent sur ce point, situé à la lisière du terrain de transition, ils voulaient rechercher partout le charbon au-dessous de la craie. Or le terrain houiller ne peut exister dans le bassin de Paris qu’à la condition d’être recouvert par plusieurs formations, dont deux, celle de la craie et celle du calcaire jurassique, ne manquent point à coup sûr ; de plus, le puits de Grenelle et le puits de Passy montrent que la craie seule a plusieurs centaines de mètres d’épaisseur, et il doit en être à peu près de même du terrain jurassique. On se rappelle la discontinuité de la formation carbonifère ; il pourrait donc parfaitement arriver que le puits, ainsi foré au hasard, tombât, après avoir franchi tous les obstacles du creusement, sur une colline du terrain de transition, au lieu de déboucher dans une dépression houillère, dont l’existence même n’est pas prouvée.

Le terrain houiller n’a généralement pas la régularité que lui assigneraient les indications précédentes : primitivement horizontal, on se le rappelle, il est le plus ordinairement dérangé par des phénomènes contemporains ou postérieurs, d’où résultent des plissemens, des crains, des failles, des brouillages, des rejets, etc., dont il faut chercher la cause dans des accidens généraux ou simplement locaux, et qui peuvent compliquer beaucoup le travail pénible du mineur. Tous les bouleversemens puissans qui ont pu se produire ont marqué leurs traces dans les terrains déjà formés. Sous l’influence de pressions considérables, déterminées par l’irruption de roches ignées qui sont venues les traverser ou les bouleverser, les couches de houille ont été ployées, brisées, dérangées de toute sorte de manières. Ainsi une couche a été pénétrée en plusieurs points par des ramifications du grès dans lequel elle a été déposée, ou inversement elle semble s’être injectée dans la roche voisine par un mouvement brusque et de peu de durée. Ailleurs il y a intercalation d’une roche ignée, qui est venue se placer entre deux couches du terrain, comme si la surface de séparation avait plus facilement cédé lors de la brusque apparition de la roche éruptive. Les couches sont quelquefois complètement renversées ; elles sont brouillées, c’est-à-dire mélangées de matières étrangères. Elles se renflent subitement,