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Il est en tout cas permis de supposer, d’après l’analogie complète des caractères du terrain houiller, dans le monde, entier, que le dépôt a dû s’en opérer, uniformément dans de plus ou moins vastes dépressions du terrain primaire devenues, marécageuses, puis transformées en bassins houillers. Quand les formations supérieures se sont déposées, elles ont nécessairement recouvert la formation houillère, et il est absolument impossible de connaître l’étendue absolue des dépôts de combustible minéral, la plus grande partie étant enfouie sans que rien puisse en révéler l’existence, et dès lors sans que la recherche soit autre chose qu’une opération entièrement aléatoire. On ne peut en effet explorer utilement que les points où le terrain houiller n’a point été recouvert, ou du moins ne l’a été qu’incomplètement. Et sur ces points, même dans les bassins les mieux connus, d’après les exemples intéressans, d’explorations suivies de succès que j’aurai l’occasion de citer, on peut encore se promettre plus d’une heureuse surprise. Le terrain houiller ne recouvre jamais d’ailleurs une zone continue d’une bien grande étendue : les calculs les plus récens portent la superficie qu’il occupe à la surface du globe à 550,000 kilomètres carrés, dont 500,000 pour la seule Amérique ; la zone discontinue qui le représente en France n’y occupe guère que 3,200 kilomètres carrés sur les 530,000 que comprend la superficie du sol continental. Telle est l’étendue approximative de la portion des dépressions houillères qui, n’étant pas recouverte entièrement par la série des formations secondaire et tertiaire, est restée à peu près à la surface de la France actuelle. Je dis, à peu près, car nos bassins houillers, sauf un très petit nombre d’exceptions, qui comprend le riche bassin de la Loire, sont au moins partiellement, recouverts par les formations dont je viens de parler.

Pour montrer ce que les recherches de mines de houille ont souvent d’aléatoire, il suffira de citer comme exemple le grand bassin secondaire de Paris, lequel peut recéler un groupe de bassins houillers analogue à celui qui est situé au centre de la France, mais, sans qu’on ose hasarder aucune conjecture à cet égard. Depuis un siècle environ, on annonce, de temps à autre qu’une mine de charbon vient d’être découverte près de Paris. Tantôt ’ ! est à Nanterre ou à Chatou qu’on fait des explorations, comme en 1786 ; tantôt c’est, à Saint-Martin-la-Garenne, aux environs de Mantes, où, durant, la seconde moitié du XVIIIe siècle, on s’est mis, à quatre reprises différentes, à faire des fouilles sur le même point que la tradition avait jadis, sans plus de fondement, gratifié d’une mine d’argent ; tantôt enfin c’est à Luzarches, où la friponnerie et l’ignorance ont tour à tour donné naissance à des compagnies qui y entreprenaient, avec