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la croûte du globe terrestre sont groupées dans un certain ordre, et que la plus grande partie de ces masses existe en couches continues et superposées par assises régulières. Chacun sait que l’étude approfondie de l’ensemble de ces couches a fait reconnaître une série de formations dont la disposition chronologique est hors de doute, bien que la durée des dépôts auxquels elles doivent leur origine soit absolument inconnue. Chacun sait enfin que les couches dont un groupe constitue un de ces terrains stratifiés se sont formées sous l’eau, dans des lacs ou des mers, par voie de sédiment ; qu’elles étaient primitivement horizontales, mais qu’elles ont fréquemment été soulevées lors de l’apparition des montagnes surgissant brusquement, à l’état de roches ignées, de l’intérieur du globe, et que dès lors elles sont devenues des surfaces ondulées et plus ou moins tourmentées dans leur allure par les dislocations du sol. Dans cette vaste échelle des formations sédimentaires, le terrain houiller est situé entre les terrains primaires et les terrains secondaires : il peut être ici considéré indifféremment comme étant à la partie supérieure des uns ou à la partie inférieure des autres.

Pour bien concevoir la manière dont ont pu se former les bassins houillers, il faut se figurer, par la pensée, notre pays tel qu’il devait être au moment de cette période de calme qui a permis le dépôt du terrain qui renferme la houille, alors qu’une atmosphère chaude, brumeuse, riche en acide carbonique, en un mot très propice à une luxuriante végétation, pesait sur le globe entier. L’uniformité de nature des végétaux du monde primitif, dans quelque bassin houiller qu’on les trouve, permet d’admettre, pour la période dont nous parlons, l’uniformité des conditions climatériques, à laquelle contribuait évidemment la chaleur centrale de la terre. Qu’on imagine un sol généralement peu accidenté, parsemé çà et là de collines et de dépressions, mais borné cependant vers le nord par une véritable mer. Les dépressions, rares et de faible étendue, sont devenues des bassins houillers : ce sont ces dépôts lacustres qui, à l’exception cependant du bassin de la Loire, sont relativement si petits et si abondans dans le centre de la France. La mer, qui s’étendait peut-être de l’Ardenne aux montagnes de l’Ecosse et du pays de Galles, est également devenue un vaste bassin houiller qui fait aujourd’hui la richesse de la Belgique, contribue à celle de l’Angleterre, et forme en France le bassin du nord, le second de nos gîtes de combustible minéral. Un tel dépôt pélagien est caractérisé par un lit de calcaire dit carbonifère, dont l’origine est nettement déduite des coquilles marines que les couches renferment, et dont le dépôt a immédiatement précédé celui du terrain houiller. Cette couche marine manque dans les bassins lacustres, dont le lit est un amas confus de fragmens