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des familles. La direction, débarrassée de tous les soins domestiques et matériels, conserve un caractère essentiellement médical.

À côté du directeur, un aumônier spécial est également réclamé ; le règlement le promet, on l’attend. Ce prêtre a une haute mission à remplir, il doit y être complètement voué, et dans aucun cas n’être astreint au service de la paroisse. Sa place est à l’infirmerie, dans les salles des malades et dans les campagnes, pour prier, instruire et consoler. On ne manie pas ces âmes souffrantes sans les blesser, à moins de beaucoup les connaître et de beaucoup les aimer. Un prêtre qui ne s’est pas, et par vocation et par devoir, consacré à ce genre d’infortunes condescendra difficilement à tout ce qu’elles lui demandent d’indulgence et de patience. L’absence de tout secours spirituel pour les aliénés protestans peut s’opposer à l’envoi des malades appartenant à ce culte ; il serait désirable et il ne serait peut-être pas difficile d’y pourvoir.

Quelques détails appellent encore l’attention. Le prix de la pension, annuellement fixé par le comité, a été en 1856 : 237.fr. 25 c. par an pour les malades propres, 266 fr. 45 c. par an pour les gâteux et les épileptiques, soit 65 ou 70 c. par jour. Ce prix comprend toute l’existence matérielle : logement, nourriture, entretien du vêtement et du linge. Les calculs faits en 1851 par la commission des hospices ont établi qu’il est impossible de descendre au-dessous. Si quelque part on se contente de 50 centimes, soit 180 fr. par an, ce ne peut être qu’aux dépens du régime, et l’on sait quelle fâcheuse influence une nourriture insuffisante peut exercer sur le moral des malades. Ces prix sont un minimum officiel et de rigueur. En ajoutant un supplément annuel de 25 francs au moins, on peut procurer au malade des conditions de faveur chez les nourriciers, qui prennent alors le nom spécial d’hôtes. Du reste, ce supplément est illimité ; on reçoit à Gheel des pensionnaires au prix de 500 fr. et au-dessus, suivant le degré de bien-être que l’on désire procurer. Les malades, placés dans les bonnes familles bourgeoises, peuvent, outre une chambre très convenable, obtenir à chaque repas une nourriture plus délicate et préparée à part, où figurent le pain de froment, la viande et même le vin, si le médecin en permet l’usage. Au besoin, on attache un domestique à la personne du malade. Sans atteindre jamais le niveau de ces établissemens splendides où l’on paie depuis 500 francs jusqu’à 2,000 et au-delà de pension mensuelle, Gheel peut offrir aux aliénés riches des conditions très sortables de vie matérielle. Il paraît facile d’améliorer le sort des nourriciers et des malades en établissant dans les prix administratifs diverses catégories graduées en proportion du mérite des familles et des agrémens de chaque habitation. Mieux qu’une trop modique prime annuelle de 6 à 10 francs,