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non-seulement s’évalue en monnaie, mais doit ou peut à un moment donné se résoudre en une somme de monnaie fixée d’avance. J’en ai déjà cité plusieurs exemples, entre autres ceux des titres de rente et des obligations de chemin de fer. Une inscription de rente en effet ou une obligation est un titre au détenteur duquel l’état ou une compagnie s’est engagé à délivrer annuellement ira certain nombre fixe de francs ou de livres sterling, c’est-à-dire une quantité convenue de métal, et dont la valeur courante se règle sur cette quantité même. Les actions de la Banque et celles des établissemens analogues rentrent dans cette même classe.

Dans les contrées dont je parle en ce moment, et je répète que ce sont celles qui auraient, dans leur système monétaire, l’étalon d’or, ainsi que celles qui laisseraient aller les choses comme si l’or était légalement revêtu de cette attribution, il y a lieu de prévoir des embarras politiques d’une autre sorte. Il y faudra nécessairement augmenter le budget, car, dans tous les marchés que passe l’état, il aura à payer plus cher qu’auparavant. Il aura de plus l’obligation d’augmenter le traitement de tous ses employés civils et militaires. Même pour ne satisfaire qu’à demi les légitimes réclamations de ses fonctionnaires affamés, il lui faudra retirer du contribuable un gros supplément, car à quel nombre ne s’élèvent pas dans certains pays, et spécialement dans le nôtre, les serviteurs de l’état ! L’augmentation du budget, lorsqu’elle doit être considérable, se traduit par des aggravations d’impôt qui excitent, lors même que c’est justifié, le mécontentement public, d’autant plus que l’accroissement des taxes est plus fort. Je ne crois pas m’exposer à être démenti par aucun homme politique en disant qu’un gouvernement qui aurait à doubler les impôts dans le délai de quelques années courrait par cela seul de grands périls.

Ce n’est pas qu’on ne puisse citer plusieurs impôts, et de ceux qui donnent un grand produit, qui, l’or baissant, rendraient spontanément un plus fort revenu, en proportion de la baisse même du précieux métal. Les impôts qui suivent d’eux-mêmes la valeur des choses imposées seraient dans ce cas. En France, c’est ce qui arriverait pour les droits d’enregistrement, qui, presque tous, sont de tant pour cent par rapport au capital engagé dans la transaction soumise à l’impôt. Il en est de même du droit sur les boissons au détail. Quant aux droits de douane, ceux-là seuls qui sont ad valorem offriraient cette augmentation naturelle, et presque dans tous les états, en France surtout, c’est l’exception ; mais les impôts tels que la contribution foncière, qui sont exprimés par des sommes fixes de monnaie, devront être aggravés par la loi, si l’on veut qu’ils procurent au trésor une recette d’une valeur égale. Or le gouvernement