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du globe à la suite des dernières révolutions dont la terre a été le théâtre.

En résumé, on peut distinguer dans les travaux de M. Agassiz sur les glaciers deux parties, l’une théorique, l’autre expérimentale, la première discutable dans certains développemens extrêmes, la seconde digne de l’admiration et de la reconnaissance du monde savant. Ses descriptions des glaciers des Alpes et des phénomènes dont ils sont les agens, ses expériences sur la vitesse de ces grands fleuves solides, garderont toujours une incontestable valeur. Il a ajouté un chapitre attrayant à la géologie et à la géographie physique ; en même temps il a inauguré l’étude de ce terrain erratique, encore si incomplète, et dont la connaissance approfondie est destinée sans doute à jeter tant de jour sur les dernières révolutions du globe, peut-être même sur les mystérieuses origines de la race humaine.


II. – TRAVAUX D’HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE NATURELLES.

La carrière du naturaliste, étudiée dans ses traits généraux, nous fera mieux saisir encore son vrai rôle et son originalité[1].

Les dispositions du jeune Agassiz pour les sciences naturelles se manifestèrent de bonne heure. Né en 1807, sur les bords du lac de Morat, le futur historien des poissons fossiles y passa son enfance, préludant à ses savans travaux par des recherches sur les mœurs et les habitudes des poissons d’eau douce. Après avoir terminé son éducation première à Lausanne, le jeune observateur fut un moment sur le point, pour obéir aux intentions de sa famille, d’entrer dans une maison de commerce ; mais il parvint à faire triompher ce qui était déjà une véritable vocation, et obtint d’aller à Zurich étudier la médecine et la chirurgie. Il alla passer ensuite quelque temps à l’université d’Heidelberg, où il s’appliqua à l’étude de l’anatomie, sous la direction du professeur Tiedemann. Néanmoins la carrière scientifique de M. Agassiz ne commença réellement qu’à Munich : il y resta quatre années entières, et, bien que simple étudiant, il ne tarda pas à se lier avec les savans professeurs que le gouvernement bavarois venait d’appeler à cette université, nouvellement fondée. Il vivait dans la maison même du professeur Döllinger, qui l’initia

  1. Voici quelques-uns des ouvrages qui ont marqué la place de M. Agassiz dans le domaine des études zoologiques et paléontologiques : Recherches sur les Poissons fossiles, Soleure 1883-43 ; — Description des Échinodermes fossiles de la Suisse, Soleure 1839-40 ; — Études critiques sur les Mollusques fossiles, 1840-45 ; — Histoire naturelle des Poissons d’eau douce de l’Europe centrale, Soleure 1840 ; — Monographie des Poissons fossiles du système dévonien, 1845 ; — Principles of Zoology, Boston 1848 ; — Lectures on comparative Embriology, Boston 1849 ; — Lake Superior, etc., Boston 1850.