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LA MAISON

DE PENARVAN

A M. CHARLES DEMANDRE.

I.

À l’époque où les provinces de l’ouest se soulevèrent contre la république, la famille de Penarvan était, par son ancienneté, une des plus considérables de Bretagne : elle disparut dans la tourmente qui dévasta cette terre héroïque. MM. de Penarvan, ils étaient quatre frères, tombèrent foudroyés tous quatre à l’affaire de La Tremblaye. L’épitaphe de ces jeunes guerriers se trouve dans Xénophon : « Ils moururent irréprochables dans la guerre et dans l’amitié. » Lorsqu’on les rapporta sans vie au château d’où ils étaient partis quelques semaines auparavant dans tout l’éclat de la jeunesse, le vieux marquis, leur père, appuyé sur sa fille, les reçut debout au pied du perron. Sa bouche resta muette, ses yeux ne versèrent pas une larme. Il contempla longtemps sa race anéantie, puis il se découvrit pieusement et s’inclina dans un suprême adieu. Deux jours après, il montait à cheval, et, malgré son grand âge, se rendait au camp de M. de Lescure. Il se battit comme un lion, passa la Loire avec l’armée vendéenne, et fut tué aux portes du Mans. Mlle de Penarvan avait suivi son père. Après des vicissitudes inouies, elle put rentrer dans le domaine où elle était née , et prendre possession des débris