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tâche, si les événemens la rendaient possible ou forcée, dix ans ininterrompus d’une administration ménagère et pacifique ne seraient pas de trop.

Cette modeste et sage conduite servirait d’ailleurs les intérêts de l’Italie avec la plus grande efficacité, — celle du bon exemple, — et la cause des gouvernemens constitutionnels y trouverait le plus utile secours. Les populations qui composent les états sardes ne sont point encore, malgré une carrière heureuse de quelques années, entièrement gagnées à l’usage de ces libertés moyennes qui constituent les monarchies libérales. Elles en demanderaient peut-être plus au midi, sur les bords de la Méditerranée; elles s’en remettraient plus volontiers au nord, dans la Savoie, à l’autorité paternelle et absolue du roi. Pour les attacher les unes et les autres au nouveau régime inauguré par le statut royal, le plus sûr moyen est de leur en rendre le poids le moins lourd possible, ou de faire en sorte que les sacrifices se trouvent compensés par la rémunération la plus notoire et la plus prochaine. Jusqu’à présent, le gouvernement du roi Victor-Emmanuel a poursuivi une tâche où les qualités brillantes, la générosité, la hardiesse, le génie inventif, la science substituée à la routine, ont particulièrement prévalu : c’est peut-être le temps aujourd’hui de faire preuve de prudence, de patience, de réserve, d’économie. Quoique différente en apparence, cette nouvelle marche conduirait aux mêmes résultats, servirait au même degré la cause de l’Italie et les intérêts du Piémont, mériterait les mêmes sympathies de tous ceux qui sont restés fidèles au culte de la liberté, et serait, à coup sûr, digne du même ministre à qui le roi de Sardaigne a principalement confié les destinées de son peuple et l’honneur de sa couronne.


Bailleux de Marizy.