Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/837

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nement y trouvera sans doute le moyen de faire face à de nouvelles obligations ou d’alléger les charges du passé.

En résumé, le produit déjà obtenu par les entreprises particulières dont il vient d’être question est d’un augure d’autant plus favorable pour le capital français, par exemple, qui s’est engagé dans les grandes compagnies du nord et de l’ouest, que ce résultat a été atteint sur des lignes de médiocre importance, dont la condition a depuis lors été notablement améliorée, et le sera encore davantage dans un avenir très prochain.

Le rapport lu à l’assemblée générale des actionnaires de la ligne d’Italie constatait que l’ouverture du chemin de fer de Novare à Arona, dont la dernière station est encore éloignée de la route du Simplon de 50 kilomètres, avait suffi pour augmenter de 50 pour 100 sur ce passage l’importance du transit et pour porter le nombre des voyageurs de 28,000 à 43,000. De là cette conclusion naturelle qu’avant même le percement du tunnel du Simplon, le trafic local assurément doublé, les nombreux affluens assurés à la vallée du Rhône, le transit établi entre la France, la Suisse et la Haute-Italie, permettraient d’attendre d’une ligne dont l’utilité locale et internationale n’est pas douteuse un produit supérieur à celui des lignes intérieures du Piémont, qui, comme celle de Turin à Coni, donnent déjà 7 pour 100 d’intérêt.

Quant au réseau du Victor-Emmanuel, qui se compose des chemins de la Savoie rattachés aux chemins français et des lignes piémontaises rachetées produisant 6 pour 100 de revenu dès les premiers jours d’une exploitation si restreinte et toute locale, est-il permis de supposer, après une fructueuse jonction à chacune des extrémités, que le revenu kilométrique soit inférieur à celui de la ligne de Turin à Gênes, et par conséquent moindre de 40,000 fr.? On a vu quelle est l’importance du transit en Piémont, et surtout du transit par terre; on a reconnu que les échanges commerciaux du Piémont se faisaient principalement avec la France et l’Autriche, c’est-à-dire la Lombardie. Comment ne pas croire que ces échanges prendront la voie si courte et si directe du Victor-Emmanuel pour pénétrer au cœur même du Piémont avant de se diriger sur Lyon et Milan ? Or, si le Victor-Emmanuel produisait un revenu égal à celui du chemin de Turin à Gênes, avec une dépense kilométrique d’établissement moitié moindre et des frais d’exploitation égaux, il pourrait assurer de très beaux intérêts à ses actionnaires.

Si de l’avenir réservé aux chemins de fer, on voulait déduire les probabilités du futur développement commercial et industriel en Piémont et le rétablissement de l’équilibre financier, on serait autorisé à concevoir les plus légitimes espérances. Toutefois, et après