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Il faut d’abord avoir foi dans le caractère de la population. Si le Piémont s’est approvisionné de fer au dehors, si le charbon lui vient d’Angleterre, si l’Angleterre et l’Allemagne lui ont fourni l’acier et presque tous les instrumens aratoires, si l’industrie de la soie elle-même se borne à peu près au premier travail de préparation, ce n’est pas que cette population soit oisive ou inintelligente, c’est que son esprit ne s’est pas encore porté de ce côté. Vienne le jour où des communications plus rapides avec les pays dont la politique ou la nature a jusqu’ici séparé la Sardaigne permettront à des instructeurs étrangers d’apporter le secret de leurs procédés et l’exemple de leurs succès, et on verra sur tous les points rendus accessibles par les chemins de fer l’homme utiliser les richesses que la Providence a enfouies dans le sein de cette terre qu’il aime avec une si patriotique ardeur.

Le Piémont en effet, et c’est là un second motif d’espérance pour l’avenir, renferme de grandes forces productives. Dans une statistique qui date déjà d’une dizaine d’années, on trouve que, sur une étendue de 1,372 milles géographiques, les produits des céréales s’élevaient à près de 7 millions d’hectolitres de blé pour les états de terre ferme, et à 800,000 hectolitres pour la Sardaigne. Le seigle, dans les provinces du continent, donnait 2 millions 1/2 d’hectolitres, le maïs 5 millions, le riz 700,000 hectolitres. Cette production, qui, pour tout le royaume et pour les diverses espèces de céréales, s’élevait à 17 millions d’hectolitres, serait bien autrement puissante, si la Sardaigne, dont un des hommes les plus éminens du Piémont, M. Albert de La Marmora, a étudié particulièrement les ressources, récoltait une partie seulement des denrées alimentaires que la fertilité du sol permet d’obtenir. Dès à présent, en comparant la production en céréales des états sardes avec celle de l’Espagne, on trouve la première bien supérieure à la seconde, puisque l’une s’élève à 17 millions d’hectolitres pour un pays dont la superficie est de 1,372 milles géographiques, tandis que celle de l’Espagne ne dépasse pas 70 millions d’hect. avec une superficie de 8,598 milles carrés. Enfin, sans parler des améliorations qui ne manqueront pas de s’introduire dans la culture de la vigne, de l’olivier, du mûrier, ces élémens principaux de la production indigène, sans porter trop haut les espérances que l’ouverture de voies nouvelles vers l’Asie et le Nouveau-Monde a données à Gênes de recouvrer son ancienne prééminence, il est permis de signaler une source de richesses encore improductive aujourd’hui, mais dont l’exploitation aurait les plus utiles conséquences pour l’industrie nationale : je veux parler des mines du Piémont et de la Savoie. Baretti, dans sa statistique des états de terre ferme, estimait la production de l’or à 120 kilog.