Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/819

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devaient dès le premier jour frapper les yeux de l’habile ministre qui, d’abord à la tête des finances du Piémont, a pris depuis, avec les fonctions de président du conseil, la direction suprême de toutes les affaires du pays. Quels remèdes apporterait-il au mal? Diminuer les dépenses! cela était impossible au moment surtout où les circonstances extérieures devenaient de plus en plus menaçantes. Augmenter les recettes ! on ne devait y parvenir que par une aggravation de taxes ou par un plus grand développement de la prospérité générale; mais comment obtenir cet épanouissement de la richesse publique sans améliorer ce qui en est l’élément essentiel, les communications intérieures, sans doter le territoire de chemins de fer? En un mot, pour recueillir une moisson plus abondante, il fallait tout d’abord semer largement, et ajouter les dépenses fructueuses de la paix aux dépenses de la guerre : œuvre contradictoire en apparence, mais forcée, et dont la poursuite fait grand honneur au gouvernement piémontais. On verra plus tard quelles seront dans l’avenir les heureuses conséquences du système de travaux publics suivi pendant cette période. Il ne s’agit à présent que d’analyser les élémens d’une situation financière que ces travaux, tout utiles qu’ils soient, ont sans aucun doute aggravée.

Ainsi déficit permanent dans le budget pour subvenir non-seulement aux dépenses extraordinaires de la guerre, mais à celles de la paix, et doubles mesures pour combler ce déficit, soit par une augmentation d’impôts, soit par le développement de la richesse générale : tel a été le mal reconnu nécessaire, et tels furent les remèdes employés par le ministère de M. de Cavour. Les résultats ont-ils répondu à son attente? C’est ce qu’il reste à examiner.

Dès 1850, le parlement piémontais était saisi de projets de surélévation d’anciennes taxes, de création de nouveaux impôts et de dispositions encore plus graves pour la diminution des droits qui frappaient l’introduction des marchandises étrangères. Il s’agissait d’accroître directement les revenus du trésor, d’obtenir, sinon immédiatement, du moins à bref délai, une plus-value dans le produit des douanes momentanément abaissé, enfin de surexciter l’industrie nationale par la concurrence étrangère, de favoriser en tout cas le développement de la consommation intérieure avide des produits du dehors, et de faire refluer dans les caisses de l’état l’excédant de la richesse générale du pays obtenu par la création simultanée des nouveaux moyens de communication.

Dans les remaniemens d’impôts introduits successivement de 1850 à 1857, on doit remarquer l’établissement de la contribution personnelle et mobilière, qui de 1 million de produit s’élève maintenant à 3 1/2, celle de la taxe des patentes, l’augmentation des droits