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I. — LES FINANCES DU PIÉMONT.

Le budget piémontais de 1857 s’est élevé pour les recettes à 135,967,821 francs, et pour les dépenses à 143,726,866, — déficit présumé : plus de 8 millions. La différence était de 9 millions en 1856, et de 10 les années précédentes; en 1852, elle s’était élevée jusqu’à 37, réduits à 22 par l’annulation des allocations destinées à l’amortissement. Encore dans ces chiffres ne doit-on pas comprendre les dépenses extraordinaires de la guerre d’Orient, dont le total a été de 74 millions, et qui ont été soldées par des recettes extraordinaires, c’est-à-dire des émissions de titres et d’obligations. C’est, comme on le voit, un déficit actuel du treizième sur l’ensemble des recettes; 10 millions sur 135 équivalent à une différence annuelle de 150 millions sur notre budget de 2 milliards.

En face d’une pareille situation, la première question qui se présente à l’esprit est celle de la dette. Quelles sont les charges que le passé a léguées au trésor piémontais? quelles sont celles que les événemens contemporains lui ont imposées? dans quelle mesure pourrait-il en supporter de nouvelles?

Pour le service du ministère des finances, le budget de 1857 réclamait une allocation de 77 millions, dont voici le détail :

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Dotations 4,765,370 fr.
Dette publique 40,289,919
Intérêts des bons du trésor 1,200,000
Actions du chemin de Suse 424,000
Dette viagère 9,794,581
Dépenses diverses 20,079,256
Dito extraordinaires 936,254
Total 77,489,380 fr.

Les obligations de l’état s’élèvent donc en dette publique à plus de 41 millions, y compris les intérêts des bons du trésor, et en dette viagère à près de 10 millions, ensemble plus de 51 millions, — soit, sur un budget de 135 millions, 37,77 pour 100. Il est vrai qu’on doit comprendre dans le chiffre de la dette publique la réserve de l’amortissement, qui constitue à la fois une dépense et une recette, et que la dette viagère ne peut être considérée comme une charge de même nature que la dette publique. Au 1er janvier 1854, cette dernière atteignait le chiffre de 35,370,000 fr. Dans le budget de 1853, le service de la dette publique ne figure que pour 31 millions. La différence entre ces chiffres provient de la création de 2 millions de rente 3 pour 100, nécessitée pour couvrir l’arriéré de 1852 et 1853, et des obligations contractées pour le paiement des dépenses de la guerre d’Orient.