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LE PIÉMONT
SES FINANCES ET SES CHEMINS DE FER



La navigation à vapeur et la bonne installation des paquebots de la Méditerranée ont singulièrement modifié l’itinéraire accoutumé des voyages d’Italie. La plupart des touristes se rendent aujourd’hui à Marseille, de Naples, Rome et Florence, par Livourne et Gênes. Il en est peu qui consentent à prendre l’admirable route qui, de la capitale du royaume des Deux-Siciles, ramène en France, en suivant, au point de départ comme à celui de l’arrivée, les bords d’une mer non moins belle à Nice et à Gênes qu’à Gaëte et à Terracine, et des rivages non moins rians, non moins aimés du soleil, de Cannes à Menton et à la Spezzia que de Baïa à Amalfi et à Salerne. Pour les rares oisifs qui ont le bon goût de trouver même encore trop rapide la marche du vetturino, aujourd’hui délaissé, comme pour tous ceux qui ont dû recourir autrefois à cette indispensable ressource des voyageurs, il est un souvenir qui n’a pu s’effacer de leur esprit, une remarque à laquelle aucun d’eux n’a dû se soustraire.

Après avoir quitté Florence, en se dirigeant par Lucques vers la route de la Corniche, qui longe le Piémont, on va ou plutôt on allait d’habitude en un jour de Lucques à la Spezzia, traversant en une seule étape trois territoires différens, trois souverainetés distinctes, partant trois lignes de douanes : Lucques, qui fait partie de la Toscane; le duché de Massa-Carrara, qui appartient au duc de Parme; Sarzana et la Spezzia, possessions génoises. Or, en même temps