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centre est formé de sept fils de cuivre, l’un droit, les six autres enroulés en hélice autour du premier; de cette façon, si l’un ou même plusieurs des fils se brisaient, les autres continueraient à transmettre les signaux. La corde en cuivre, plongée à trois reprises dans un bain de gutta-percha, est couverte ainsi d’une triple couche isolante; on l’entoure ensuite de filasse goudronnée. Préparée par tronçons de deux milles de longueur, soumis chacun à l’examen des électriciens, la corde est revêtue d’une enveloppe protectrice en fils de fer. Voici de quelle façon s’exécute cette opération : une grande roue horizontale porte à sa circonférence dix-huit cylindres verticaux autour desquels sont enroulés des fils de fer. Au centre de la roue est une ouverture par où s’élève la corde en cuivre qu’une machine à vapeur dévide, et qui monte incessamment vers le toit de l’usine. La machine dévide aussi les rouleaux de fil de fer, mais elle fait marcher par la même impulsion la roue sur laquelle ils reposent : ils tournent donc en même temps qu’ils s’élèvent, et se tordent en hélice autour de la corde centrale. Aussitôt qu’un rouleau de cuivre est épuisé, on le remplace par un autre et on soude soigneusement les extrémités. Telle est la rapidité de cette opération, qu’on a fait à Greenwich jusqu’à 48 kilomètres de câble dans un seul jour. Les extrémités qui devaient rester près des côtes ont été construites avec plus de rigidité que la partie destinée à reposer sur le fond tranquille de l’Océan. Afin que le frottement sur les rochers, l’action des vagues, le choc des ancres ne put en occasionner la rupture, on avait donné au câble un poids de plus de 7 tonnes par mille, sur une longueur de 10 milles à partir de la côte de Terre-Neuve et de 15 milles près des côtes d’Irlande.

Que de fois dans les entreprises les plus importantes on croit avoir tout pesé, tout examiné, tout prévu! On épuise toutes les ressources de la science, on descend aux plus minutieux détails, et l’on s’aperçoit au dernier moment, mais souvent trop tard, qu’on a commis quelque faute grossière que le plus ignorant aurait évitée. Quand les deux moitiés du câble furent terminées séparément, on reconnut que les hélices des fils de cuivre et de fer étaient dans chacune de ces moitiés en sens différens, les unes allant de gauche à droite, les autres de droite à gauche. Une aussi étrange méprise pouvait avoir de fâcheuses conséquences, puisqu’une fois les deux moitiés réunies au milieu de l’Océan, chacune d’elles devait aider l’autre à se détordre. On comptait réparer cette faute en attachant au point de jonction un poids très puissant : remède dangereux, puisqu’il contribuait à augmenter encore la tension du câble, déjà naturellement si forte pendant l’immersion en pleine mer.

Le gouvernement anglais mit à la disposition de la compagnie,