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qui embrasse la moitié du cercle qu’on décrirait en faisant le tour de la planète par ces latitudes, les dépôts aurifères sont distribués en groupes nombreux et d’une grande surface, et la zone où ils sont épars est d’une largeur moyenne de 900 kilomètres. La présence de l’or sur cette immense superficie est un des phénomènes les plus généraux qu’on puisse signaler sur le globe. En outre, la teneur des alluvions aurifères de la Sibérie est supérieure à celle qu’on remarque dans l’Oural, et elle ne paraît pas inférieure à celle des bons gisemens de la Californie et de l’Australie.

En présence de l’esprit nouveau qui se manifeste dans l’administration de l’empire russe, il y a lieu de présumer que la production de l’or des mines de la Russie boréale augmentera désormais dans une forte proportion.

Dans ces circonstances, le seul moyen qui pût empêcher l’or de baisser de valeur et par suite les diverses marchandises de monter de prix serait que ce métal trouvât dans le monde civilisé un débouché nouveau proportionné à la grandeur de la production nouvelle. Alors seulement, le rapport entre l’offre et la demande restant le même, les hommes ne pourraient se le procurer qu’aux mêmes conditions qu’aujourd’hui, c’est-à-dire seraient tenus de payer avec la même quantité de blé ou de travail. L’ouverture d’un pareil débouché est-elle possible ou vraisemblable? C’est ce que nous allons rechercher.


II. — DU DÉBOUCHE NOUVEAU QU’ON PEUT ESPÉRER POUR LA PRODUCTION NOUVELLE DES MINES d’OR, ET S’IL EST PROPORTIONNÉ A l’ÉTENDUE DE CETTE PRODUCTION.

Quels sont les emplois extraordinaires qu’on peut assigner à l’or, et qui seraient de force à balancer le développement inouï de l’extraction? C’est d’abord la place qu’il trouverait dans le système monétaire de différens peuples chez lesquels aujourd’hui l’instrument des échanges est principalement en papier, et qui sont désireux de donner à leur circulation le lest d’une forte quantité de métal, d’or particulièrement. On a cité en ce genre les États-Unis et l’Autriche. On parle aussi de la Turquie, où la monnaie de toute sorte est très rare. En second lieu, on allègue les progrès toujours croissans du luxe, qui provoqueraient la fabrication d’une grande quantité de bijoux, d’ustensiles et de galons en or; à cette fabrication se rattacherait l’extension de la dorure. Enfin on allègue la nécessité de proportionner la quantité de monnaie qui circule à la population toujours croissante des états civilisés et au mouvement progressif des affaires.

Essayons de nous faire une idée de la quantité d’or qui peut être