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Ici encore va place des Seigneurs et la place aux Herbes se touchent. Celle-ci est remarquable par un palais de la Raison, bâtiment considérable, formant un parallélogramme entouré de galeries, et dont le toit arrondi est demi-cylindrique. Presque tout le premier étage est occupé par une immense salle un peu obscure, dont le plafond en bois travaillé occupe, dit-on, encore plus d’espace que le fameux toit de Westminster-Hall. Ce salone est vide, sans une colonne, sans un pilier, et l’on raconte que frate Giovanni, de l’ordre de Saint-Augustin, qui avait voyagé en Asie, le construisit à l’imitation de quelque monument indien. On y montre un tombeau contenant, dit-on, les restes de Tite-Live, auquel ici personne ne reproche sa palavinité. Près de son buste se lit une inscription originale, qu’il aurait lui-même consacrée à la mémoire de sa fille. Devant se dresse un cheval colossal en bois, ouvrage fragile et vermoulu du Donatello, et qui a figuré en 1466 dans quelque réjouissance publique. Les murs sont couverts de trois ou quatre cents fresques, qui ont remplacé les peintures détruites du Giotto. Les sujets en sont symboliques ou astrologiques, et il est à peu près aussi difficile de les comprendre que de les voir. Cette salle cependant n’est pas sans beauté, et on ne la visite pas sans étonnement, surtout avant de connaître la salle du grand conseil de Venise, dans le palais ducal. La galerie qui entoure l’édifice a l’air d’en supporter le faîte sur de nombreuses et légères colonnes; elle unit l’élégance à la grandeur. Comme à Vérone, les deux places où résidaient le gouvernement et la municipalité frappent par leur vive couleur historique. De là, en passant devant le café Pedrocchi, célèbre dans toute l’Italie, et qui tient du club et du casino, on peut se rendre au Bœuf (il Bo), c’est-à-dire au palais de l’université, bâtiment de bon goût dont la cour intérieure est l’ouvrage de Palladio ou de Sansovino. L’université de Padoue date sa renommée du moyen âge. C’est, je crois, le seul établissement public où l’on ait avec un peu de suite enseigné quelque chose comme l’athéisme. Je ne doute pas que les choses n’aient fort changé depuis Gaetano de Tiene, qui passe pour le fondateur de l’école philosophique de Padoue (1465), et que le Studio della Facolta filosofica, qui comprend avec les langues l’économie rurale et les sciences physiques, ne présente aux élèves, dans le cours de philosophie de M. Rivato, rien qui rappelle Averrhoès ou Pomponat. Trois autres facultés. Studio politico legale ou le droit. Studio matematico, qui contient un nombre considérable de cours, enfin le Medico-Chirurgico-Farmaceutico, forment l’enseignement complet des laïques. C’est la faculté de médecine qui a conservé la réputation la plus durable, et elle le doit sans doute aux noms de Vesale, de Fallope, de Fabricius d’Acquapendente, enfin de Morgagni. L’amphithéâtre, qui porte le nom d’Acquapendente, est sin-