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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre 1857.

La politique ne se compose pas seulement de tous les faits qui s’accomplissent, de toutes les questions qui s’agitent dans les sphères de la diplomatie officielle ; elle se compose souvent de mille autres choses encore, et de ces choses diverses, les unes pourraient exister, les autres n’existent pas, beaucoup n’existeront jamais. La chimère se mêle à la réalité, les hypothèses se substituent aux calculs positifs, les moindres symptômes deviennent le point de départ des combinaisons les plus imprévues. En un mot, à côté du monde réel, il y a un monde fictif, œuvre des imaginations qui inventent et des hommes d’état bénévoles, d’autant plus libres de remanier la carte de l’Europe qu’ils ne l’ont pas entre les mains. Prise en elle-même, la politique actuelle, à vrai dire, compte peu d’événemens saillans, de ces événemens qui n’ont rien d’idéal. Le conflit survenu à Constantinople à l’occasion des principautés n’est plus qu’un souvenir. Les relations régulières ont été renouées entre la Turquie et les quatre puissances qui avaient été amenées à une rupture. Les élections recommencent en Moldavie dans des conditions nouvelles, c’est-à-dire après une rectification des listes électorales, mais toujours sous les auspices de M. Vogoridès, que la Turquie paraît mettre son amour-propre à soutenir en désavouant tous ses actes. L’état des principautés n’est point sans doute une question résolue, c’est une question réservée. En même temps l’Angleterre a toujours cette triste et grandiose préoccupation de l’Inde, qui se reflète si étrangement dans la presse britannique, et qui remplit tous les esprits d’anxiété. Ainsi une crise qui vient de finir à Constantinople, une guerre qui n’est point particulièrement européenne, quoiqu’elle intéresse la civilisation, représentée dans cette lutte par une des puissances de l’Occident, telle est pour le moment la réalité de la politique actuelle. Mais cela suffit-il ? Que Napoléon III visite la reine d’Angleterre à Osborne, ainsi qu’on l’a vu ; que l’empereur des Français et l’empereur de Russie se rencontrent à Stuttgart, ainsi qu’on va le voir, aussitôt