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assez pauvres en débris fossiles. La plupart des types primitifs de la vie disparaissent ; ceux qui survivent se modifient. Les géologues anglais considèrent ces temps comme une époque de décadence ou du moins de transition. Sur les roches permiennes se remarquent des empreintes de pattes qui semblent indiquer qu’au milieu du déclin des autres formes animales, la race des reptiles s’était accrue. Les traces de cette époque troublée et agitée ne sont pourtant pas aussi effacées qu’on pourrait le croire. On a trouvé, en Angleterre, des grès à surface plate sur lesquels les anciennes vagues ont laissé leurs plis : donc il y avait des marées ; sur d’autres tablettes de pierre se remarquent de petits creux gravés par de lourdes gouttes de pluie dans un temps où le sable mou, qui plus tard s’est durci en roche, était déposé sur la plage. Quelquefois ces creux ont les lèvres plus élevées d’un côté que de l’autre, comme il arrive aujourd’hui sur nos grèves lorsque la pluie est poussée parle vent dans une direction particulière. Nous savons donc que ce jour-là le ciel était couvert de nuages ; mais nous avons de plus sous les yeux le mémorial du vent et du point de l’horizon d’où il soufflait, alors qu’il n’y avait point d’homme pour observer les phénomènes du temps, ni d’autre main pour les noter que celle de la nature.

Nous avons vu les mers, vastes déserts d’eau, se peupler ; nous avons vu naître et s’accroître les premières terres, les âges se succéder, et la nature en progrès s’avancer parmi des ruines ; les anciens habitans des mers, ou du moins leurs dépouilles, ont été soulevés jusqu’au sommet des plus hautes montagnes. Au milieu de ces vastes cimetières du monde primitif, nous avons rencontré des milliers d’êtres, des espèces entières sacrifiées au développement de la vie. Ici se termine un premier ensemble de faits qui constitue l’enfance des îles britanniques. De plus grands changemens encore vont se produire à la surface de cette portion de la terre.


II

Le moyen âge géologique est représenté dans la Grande-Bretagne par trois dépôts bien distincts, le new-red ou nouveau grès rouge, l’oolithe et la craie, dans lesquels sont conservées les chroniques de la vie, et qui donnent au paysage une couleur, un dessin, des contours particuliers. La variété des scènes naturelles tient en Angleterre à la variété minéralogique du sous-sol.

Le nouveau grès rouge, surmonté de marnes bariolées, occupe dans les comtés du centre une étendue considérable. Des ravins, étroits et profonds, entrecoupés par des plates-formes d’une élévation souvent remarquable, des lignes de précipices si perpendiculaires et si rouges qu’on dirait un mur bâti avec des briques neuves ;