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LES RECITS
DE L'ENSEIGNE STAEL
ET
LE POETE FINLANDAIS RUNEBERG



En 1809, pendant que la résistance nationale de l’Espagne, qui devait imprimer la première secousse à la grandeur de Napoléon, attirait tous les regards vers l’occident de l’Europe, un autre épisode militaire, plus humble sans doute, mais fertile aussi en belles actions et en conséquences fatales, la conquête de la Finlande par les Russes, ensanglantait l’extrémité opposée du continent. Traîtreusement attaquée par un perfide ennemi, lâchement défendue par le gouvernement suédois, alors aux mains du faible et malheureux Gustave IV, la Finlande, à peu près abandonnée à ses seules ressources, ne voulut pas être une proie inerte : elle résista pour son propre honneur et versa son sang dans une lutte inégale, d’une issue trop assurée, mais qui fut de sa part un noble témoignage pour soutenir et venger la dignité humaine.

Cette guerre a trouvé son poète. Un homme s’est rencontré qui, en des vers d’une simplicité mâle et d’une passion chaleureuse, a chanté les joies et les peines du peuple finlandais pendant sa mémorable lutte contre les armées russes. Ce sont les divers poèmes dont se compose cette épopée populaire, ce sont les Récits de l’enseigne Staël, que nous voudrions faire connaître. Déjà on s’est occupé de l’auteur des Récits dans la Revue[1] ; mais Runeberg en était alors à ses premiers essais, il s’est surpassé depuis, et les Récits de l’enseigne Staël, publiés en 1848, resteront sans doute son chef-d’œuvre. Aussi croyons-nous devoir les soumettre à l’épreuve de la traduction, et préparer ainsi l’étude plus complète qu’il y aura peut-être lieu de tenter un jour sur un poète dont la carrière ne touche pas encore à son terme[2].

  1. Voyez l’étude de M. Marmier sur Runeberg dans la livraison du 1er août 1839.
  2. Runeberg a aujourd’hui cinquante-trois ans, et il est professeur au gymnase de la petite ville finlandaise de Borgă.