surpris. S’il ne faut aux hommes, pour être lâches, qu’un peu de courage, il ne leur faut en revanche, mieux avisés, qu’un peu de lâcheté, — bien entendue, il est vrai, — pour se montrer courageux, Rochester le comprit trop tard, et dut garder à Sheffield une rancune d’autant plus noire que leur liaison primitive avait été plus affichée. Or de cette liaison il existe encore d’impérissables vestiges, entre autres une épître de Rochester à lord Mulgrave sur le mérite respectif de leurs poésies. Nous trouvons, aussi, parmi les poèmes un peu mieux qu’érotiques du premier, certain épithalame, intitulé la Nuit heureuse, que revendiquait hautement le second, et qui effectivement ne serait pas son plus mauvais ouvrage. C’était donc un ami, — un ami de cour il est vrai, — qui portait à la prud’homie de Rochester la plus rude atteinte. Or cet ami était le patron, le collaborateur de Dryden. En attaquant celui-ci, on désobligeait évidemment celui-là, et comme leur solidarité n’était point chose avouée, Rochester dut penser qu’il souffletterait impunément son collègue de la pairie sur la joue du pauvre poète lauréat. C’était lâche peut-être, mais c’était assez piquant. Il ne fallait qu’une occasion favorable, et l’occasion ne se fit pas longtemps attendre.
Parmi tous les rimailleurs qui se guindaient de leur mieux sur les échasses du grand style dramatique, tel que Dryden l’avait inauguré,