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comme l’ont démontré les travaux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire, de Blainville, de Richard Owen et de M. Agassiz lui-même. Les poissons, qui occupent le dernier rang parmi les vertébrés, ont été, à une époque extrêmement reculée, les souverains de la création ; mais l’empire leur a peu à peu échappé et a été saisi par les reptiles, dont l’organisation est déjà supérieure ; enfin il appartient aujourd’hui aux mammifères, qui sont les plus parfaits de tous les animaux. Si l’on examine en détail le développement de chacune de ces classes, on y trouve aussi des preuves multipliées du progrès organique : les recherches de M. Agassiz sur les poissons en ont fourni de nombreuses, et l’étude des mammifères fossiles en a fait aussi découvrir de très saisissantes. Les plus anciens animaux de cette classe qu’on ait réussi à trouver dans les couches terrestres appartiennent tous à cette tribu imparfaite représentée aujourd’hui par les timides kangourous de la Nouvelle-Hollande. Les vues théoriques de M. Agassiz trouvent aussi une confirmation dans l’étude des diverses classes qui forment les embranchemens inférieurs à celui des vertébrés. Il a mis à contribution tous les travaux de la science moderne pour démontrer que les formes les plus rapprochées des embryons actuels ont toujours apparu les premières dans la suite des époques géologiques, et que l’avènement des divers types organiques s’est opéré dans l’ordre même que leur assigne une classification fondée sur l’embryogénie comparée. Pour la classe des échinodermes en particulier, qui comprend les oursins, les étoiles de mer, etc., les travaux importans et très étendus qu’il avait publiés autrefois, avec le concours de M. Desor, lui permettaient de découvrir mieux qu’un autre ce parallélisme remarquable. Deux groupes organiques se sont pourtant montrés rebelles à la théorie de M. Agassiz : le premier de ces groupes appartient à l’embranchement des mollusques, qui comprend ces animaux dont le corps mou, privé de squelette, de membres articulés, est ordinairement enfermé dans une coquille. Tous les naturalistes s’accordent à considérer comme les plus parfaits des mollusques ceux qu’on nomme céphalopodes, parce que leur tête est entourée de longs tentacules qui leur servent de pieds pour ramper au fond de la mer. Dans le système de M. Agassiz, ce sont les classes les plus dégradées qui ont dû apparaître les premières dans l’ordre des temps géologiques ; pourtant on a retrouvé des représentans de la classe des céphalopodes dans les terrains les plus anciens. Parmi les animaux qui ont joué un rôle prédominait dans les faunes primitives du globe, il faut aussi nommer ces crustacés qu’on nomme trilobites, à cause de la disposition de leurs lobes où anneaux. M. Agassiz s’exprime ainsi en parlant de ces singuliers animaux, dont l’importance n’a été révélée que depuis ces dernières années : « Tous les genres de