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Le droit de représentation des bourgs a été en outre soumis à un nouveau partage, principalement en Angleterre ; il a été retiré en tout ou en partie à certains bourgs qui n’avaient plus une population suffisante, et pour lesquels il n’était plus qu’un privilège abusif ; il a été attribué en revanche à beaucoup d’autres qui avaient gagné l’importance nécessaire pour être associés par l’élection de députés au gouvernement du pays. La législation nouvelle a fait entre eux un choix, et elle a reconnu le pouvoir électoral à 201 bourgs, qui jouissent ainsi des mêmes droits que les comtés. Les changemens dans la répartition des collèges électoraux, complétés par une plus juste proportion introduite dans le nombre de députés qui leur a été attribué, ont été destinés à mettre fin aux abus de l’ancien système, qui était devenu peu à peu la contre-partie de l’état de la société ; mais ce ne sont pas de nouveaux principes qu’ils ont fait prévaloir : ils ont empêché que les vieilles traditions d’inégalité dans la représentation du pays ne restassent trop choquantes, sans les sacrifier à une théorie préconçue d’égalité arithmétique qui aurait donné un représentant à un nombre déterminé de citoyens. Les collèges électoraux n’ont plus gardé un pouvoir fictif, mais ils ont conservé les uns à l’égard des autres un pouvoir inégal. Ils ont continué à être constitués pour représenter des intérêts collectifs, des besoins communs, et non pas un chiffre abstrait d’électeurs groupés d’après la statistique de la population. Pour prendre au hasard quelques exemples, qui ne sont pas des exceptions, mais qui rentrent tous dans la règle générale, comparons un comté à une ville : le comté de Chester, avec 158,000 habitans, nomme 2 membres de la chambre des communes, et la ville de Chester, avec 28,000 habitans, en nomme également 2. Comparons les comtés entre eux : voici le comté de Northumberland, qui, avec 8,000 électeurs, envoie au parlement 4 députés, comme le comté de Norfolk, qui en compte 16,000. De même voici en Angleterre 68 bourgs qui n’ont pas plus de 200 à 500 électeurs, et dont quelques-uns peuvent nommer 2 députés aussi bien que des villes comme Manchester et Liverpool, où le nombre des électeurs atteint au chiffre de 17 ou 18,000.

Ainsi des petits collèges ont été conservés à côté des grands collèges, au profit des comtés et surtout au profit des bourgs. Les petits collèges des bourgs ont gardé l’avantage de pouvoir assurer, comme autrefois, aux nouveaux ou aux anciens hommes d’état les