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ont accru les terrains qui se trouvent dans la dépendance des maisons, et qui constituent la véritable propriété parcellaire ; enfin une diminution pareille a réduit la quotité des parcelles qui se divisent le reste du sol.

Ainsi donc, en dépit de l’influence incessante de la loi des successions et de la tendance des héritiers à vouloir, au lieu de lots agglomérés de terrain, obtenir un peu de tout partout, la puissance virtuelle de l’intérêt du cultivateur a suffi pour que nos champs, loin de se fractionner davantage, s’agglomèrent dans une certaine mesure, et cela malgré les difficultés créées, en 1834, par la loi qui a enlevé à l’échange des propriétés le bénéfice de la dispense des droits proportionnels d’enregistrement !

Le fait constaté désormais, fait capital, c’est que le nombre des parcelles rurales a diminué. Qu’on ne vienne pas nous opposer quelques faits purement locaux qui tendraient à une conclusion différente : il faut se reporter à l’ensemble du territoire pour connaître la véritable loi de la division du sol.

C’est chose naturelle, nécessaire, que la propriété se morcelé dans certaines régions, tandis qu’elle se recompose dans d’autres ; il n’y a rien de capricieux dans ce double mouvement, qui est dominé par l’influence du marché de consommation, et il est dangereux de vouloir donner une solution unique à une question complexe.

La culture intensive, qui exige un grand emploi de forces productives, se propage à mesure que le caractère propre du marché permet de se livrer avec avantage à la production des fruits, des légumes, des plantes industrielles. Or le marché étend le rayon de l’action puissante qu’il exerce de deux manières : par l’accroissement du chiffre des populations agglomérées, et par la facilité des voies de communication.

Il est superflu d’insister sur ce point ; tout le monde sait que la population des villes augmente, et que les chemins de fer étendent singulièrement le rayon d’approvisionnement des grands centres. Le mouvement de transformation auquel nous assistons n’est qu’à son début ; mais ce qui a déjà été accompli permet de présumer les développemens futurs.

Les avantages de la petite culture, de la culture jardinage, de la production des plantes industrielles, de la vente des produits accessoires que crée dans la France le génie vigilant du ménage, en un mot ce qui peut justifier et féconder la division du sol se généralise chaque jour, grâce à l’agent merveilleux de la civilisation moderne, grâce à la vapeur. La constitution du sol, qui était en grande partie, à n’envisager les choses que du point de vue économique, le résultat de la misère même des habitans, de l’absence d’un capital