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recherche qui n’avait pas été reprise depuis 1821, en relevant et en classant les parcelles aussi bien que les constructions nouvelles, en indiquant le mode d’exploitation d’après lequel se divise l’ensemble du territoire, ce document permet de mesurer les immenses progrès accomplis depuis 1821 jusqu’en 1851 ; il traduit d’une manière éloquente les conquêtes pacifiques réalisées dans l’espace de trente années, ou, pour parler plus exactement, de vingt-six années, car, durant les quatre dernières de cette période, depuis 1848 jusqu’en 1851, la France a eu assez à faire pour ne pas laisser détruire la prospérité publique, sans pouvoir lui donner une impulsion nouvelle.

Pendant ces vingt-six années, tout avait grandi dans une progression rapide ; aujourd’hui, alors que le mouvement d’expansion de la richesse publique se continue, n’oublions pas que nous recueillons en grande partie le fruit du développement considérable de l’agriculture sous l’empire de notre loi des successions et de la libre division des héritages. La France possède des ressources immenses qui ont frappé tous les yeux, et qui dans beaucoup d’esprits ont causé une surprise profonde. On ne s’était pas rendu un compte suffisant du progrès de la richesse agricole, base solide de tout l’édifice. Sans doute une large carrière s’ouvre de ce côté, beaucoup reste encore à faire, mais beaucoup a déjà été obtenu, ainsi que le constatent les données recueillies pour l’année 1851. Le pays a conquis un accroissement de richesse et de puissance qui lui a permis de développer une force admirable, et qui provient en grande partie du sol lui-même. Si les faits nous montraient que nos lois et notre constitution économique de la propriété, loin d’entraver cet heureux essor, ont été fécondes en avantages matériels et moraux, notre tâche serait remplie.

La question de la petite propriété et du morcellement n’est pas nouvelle en France ; elle peut s’éclairer aussi bien à la lumière des faits accomplis avant la révolution que de ceux qui se sont manifestés depuis cette grande époque. Nous aurons donc à l’étudier dans le passé et dans le présent.


I

« La diversité de l’étendue des propriétés est nécessaire. Si l’on abandonne les choses à leur cours naturel, la division des terres sera telle que le demandent la formation et la distribution des richesses. On aura de petites, de moyennes et de grandes propriétés. Il suffit que les lois ne mettent point obstacle à la libre circulation des terres, pour qu’on soit garanti des dangers qu’entraînerait l’excès de leur morcellement ou de leur agglomération. » Ces paroles