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l’empire d’Occident devait commencer et finir par celui d’Auguste, dont Augustule est un diminutif, l’empire d’Orient par celui de Constantin, la vieille monarchie française par celui de Louis, le même que Clovis ; ainsi il est arrivé plusieurs fois que le fondateur d’un empire s’est appelé comme le dernier héritier de cet empire. Le jeune Romulus, étant mort, fut placé au rang des dieux, dans cet olympe qui s’écroulait. Son père lui éleva un temple dont la partie inférieure se voit encore, et le cirque lui-même fut peut-être une dépendance de ce temple funèbre, car les courses de chars étaient un des honneurs que l’antiquité rendait aux morts, et sont souvent pour cela représentées sur les tombeaux. Ce cirque a environ seize cents pieds de long, et dans la vallée où il s’étend, au pied de la tour crénelée qui fut la sépulture de l’épouse de Crassus, dominé à l’horizon par les montagnes d’Albano, il se présente avec un certain air de grandeur. C’était pourtant un diminutif de cirque, si on le compare au circus maximus, car il pouvait contenir quinze mille spectateurs, et le circus maximus en contint jusqu’à trois cent quatre-vingt mille. La construction du cirque de Maxence est misérable comme le temps auquel elle appartient ; mais il est intact, et du grand cirque il ne reste que peu de débris. Le seul intérêt qu’il offre, c’est de montrer presque entièrement conservées toutes les parties dont se composait un cirque, et au dernier jour de la Rome païenne la présence d’un de ces monumens, dont le plus ancien remontait aux premiers temps de la Rome des rois. Tout avait changé dans cet intervalle de mille ans, excepté la passion pour le même divertissement. Cette passion était tellement inhérente au génie des Romains, qu’ils devaient l’emporter à Constantinople et y construire un hippodrome célèbre par les agitations, futiles dans leur motif, souvent sanglantes dans leurs résultats, qu’y produisirent les factions des bleus et des verts, hippodrome dont le nom, traduit en turc, subsiste encore dans celui de l’at-meidan.

Maxence répara le temple de Vénus et de Rome, qui alors ne s’appelait plus que le temple de Rome, fanum urbis. Le paganisme des derniers temps oubliait la fabuleuse mère d’Énée ; mais Rome était une divinité à laquelle on croyait encore, bien que sa puissance fût près de passer dans le domaine des fables.

Constantin, qui vécut peu à Rome, y fit pourtant construire des thermes sur le Quirinal. Ainsi les thermes, cette expression gigantesque de tous les besoins et de toutes les habitudes de la civilisation impériale de Rome, paraissent depuis le siècle d’Auguste jusqu’à l’époque de Constantin. Tant que l’empire y est resté, ils n’ont jamais fait défaut à l’empire.

Constantin eut la gloire d’en finir avec les prétoriens que Septime-Sévère