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des mêmes petites plantes sur lesquelles les abeilles vont encore aujourd’hui faire leur récolte. Ces petites plantes ne se développent que sur les montagnes très arides, parce que, dans les lieux incultes dont le sol est riche, les pins, les arbousiers, les lentisques et d’autres arbustes forment des bois où les labiées et toutes les plantes qui fournissent du miel sont étouffées.

Tout en regrettant la pauvreté agricole des montagnes de l’Attique, on doit convenir que leur genre de beauté résulte en partie de cette pauvreté même. Si les campagnes des climats froids nous séduisent quand elles sont couvertes d’un épais manteau de verdure, les collines des climats chauds nous charment nues et dépouillées. En effet, les pays boisés offrent de loin des couleurs plus ou moins noirâtres ; comme les teintes sombres absorbent les rayons de la lumière au lieu de les réfléchir, il en résulte que l’on remarque peu d’effets de couleur dans les montagnes riches en végétation. Aussi les personnes qui n’ont pas visité les contrées arides de l’Orient accusent volontiers les peintres d’avoir introduit dans leurs tableaux des teintes imaginaires lorsqu’ils ont représenté des collines bleues, rouges, jaunes, violettes, oranges, etc. Cependant ces couleurs sont bien réelles dans les montagnes incultes et blanches de la Grèce comme dans les déserts de la Syrie et de l’Égypte. Le blanc, au lieu d’absorber les rayons, les réfléchit, et si un peu de vapeur d’eau surmonte les collines, l’inégale réfrangibilité des rayons solaires produit les teintes les plus variées.

Les plaines sont nécessairement plus fertiles que les montagnes, car c’est à leurs dépens qu’elles s’enrichissent de terre végétale, et le marbre s’y montre beaucoup moins fréquemment. Néanmoins le phénomène de l’endurcissement du sol se produit encore sur plusieurs points : c’est ainsi que tout le sud de la plaine de l’Attique, dans le voisinage de l’Hymète ; n’est qu’un désert ; quelques plantes chétives, isolées ça et là, peuvent seules s’implanter sur le conglomérat endurci. La grande calamité des plaines de l’Attique est l’insuffisance des eaux. Pendant la belle saison, les pluies sont rares, et les rivières presque desséchées. Le poétique Ilissus n’a qu’un filet d’eau, et les nymphes, sans craindre de perdre pied, pourraient se baigner dans le Céphise. Les montagnes de l’Attique ont trop peu de continuité, les couches des terrains sont trop brisées, et la mer est trop voisine, pour que les eaux aient le temps de se former en rivière avant d’atteindre les golfes qui entourent cette contrée.

Les vallées de la Grèce ont été remplies pendant la période tertiaire par les fragmens éboulés des montagnes, par les limons et les galets qu’ont apportés les torrens, et par les vases des lacs qui les ont longtemps couvertes. Ces divers dépôts sont assez meubles pour laisser filtrer les eaux. Il en résulte que le sol est aride à la surface,