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de Hollande. L’archiviste actuel, M. Backhuyzen, est un homme d’esprit et de savoir qui a découvert de nouveaux trésors pour les études historiques dans ce monde de vieux papiers. Il a bien voulu me servir de guide à travers les salles où les époques s’étagent de rayon en rayon, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours[1]. Parmi les vénérables parchemins qui se déroulèrent sous mes yeux, je signalerai surtout un document précieux : c’est une adresse des différentes villes de la Néerlande qui proposent de conférer au prince d’Orange le titre de comte, titre qui équivalait presque à celui de souverain des Pays-Bas. Le sceau de toutes ces villes, moulé en cire vierge, constitue à lui seul un curieux monument héraldique. Cette adresse fut rédigée, par le consentement de quelques provinces, peu de temps avant la mort du Taciturne. Le savant jurisconsulte J.-D. Meyer a consacré un discours académique à l’examen des projets qui existaient alors pour donner une couronne au Taciturne. Il explique et défend à son point de vue les motifs de cette résolution. Les communes néerlandaises échappées à la domination espagnole avaient besoin, dit-il, d’un lien pour remplacer la suzeraineté féodale. La mort du Taciturne ajourna la réalisation de ces plans, en donnant naissance à une république mixte, composée, d’une part d’élémens

  1. Dans les premières salles se trouvent les archives du temps des comtes de Hollande, dans les salles suivantes sont classés les registres des résolutions de leurs hautes puissances les états-généraux des Provinces-Unies, puis les registres et les archives de l’ancien conseil d’état de la république, puis les registres des états de Hollande, parmi lesquels vingt volumes contiennent des notes écrites la plupart de la main du grand-pensionnaire Jean de Witt. « J’ignore, dit un écrivain hollandais, M. Schotel, si ceux qui ont écrit l’histoire de de Witt ont jamais jeté les yeux sur ces lettres, mais ce dont je suis certain, c’est qu’il n’est pas de meilleure source à consulter pour ceux qui osent esquisser le caractère de ce grand homme. » La correspondance diplomatique des états-généraux et des états de Hollande contient aussi un grand nombre de lettres importantes. On vient d’ajouter à cet établissement public les archives de l’ancienne compagnie des Indes.