Et nous aussi, comme l’Angleterre il y a quelques mois, nous avons eu notre agitation électorale et nos émotions du scrutin, — émotions et agitation tempérées il est vrai, dans notre pays, par le sentiment des conditions publiques au sein desquelles nous vivons. En Angleterre, il s’agissait de savoir si une politique resterait sur le champ de bataille, ou si le, ministère triompherait de ses adversaires. En France, la lutte devait nécessairement se réduire à des proportions plus modestes : on se préoccupait peut-être moins du dénouement que des détails de cette mêlée électorale ; en d’autres termes, il s’agissait plutôt d’observer des signes, de surprendre des indices, de chercher à lire un vœu, une tendance dans des voix éparses groupées autour d’un nom, ou dans l’attitude générale des populations. De cette agitation limitée et éphémère, que reste-t-il aujourd’hui ? Il reste un corps législatif à peu près composé comme celui qui existait précédemment. Seulement quelques membres de l’ancienne chambre ne figurent plus dans le nouveau corps législatif, et dans le nombre le plus éminent est M. de Montalembert. L’opposition qui s’est appelée démocratique a emporté, quelques nominations, deux à Paris, une à Bordeaux, une à Lyon. M. le général Cavaignac, faute d’une majorité suffisante obtenue, du premier coup, ne pourrait être élu à Paris que dans un second scrutin qui se prépare. Deux ou trois candidats d’opinions indépendantes et modérées ont été élus dans le Nord, dans l’Yonne, en dehors de l’action administrative, et puis c’est tout. Dans le reste de la France, les candidats présentés par le gouvernement ont reçu l’investiture électorale, et quelques-uns même n’ont point eu de concurrens. C’est là le résultat sommaire, officiel, prévu en définitive. Que si l’on veut aller au-delà du fait lui-même, en interrogeant quelques-unes des particularités de ces élections, il n’est peut-être pas impossible de réunir certaines données qui, sans être d’une précision infaillible, aident à apprécier le caractère de cette victoire du gouvernement, la nature de, ce genre