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L’ART
ET L’INDUSTRIE

De l’Union des Arts et de l’Industrie, par M. Léon DE LABORDE, 2 vol.


Pour parler utilement de l’union des arts et de l’industrie, il faut recourir au témoignage de l’histoire, et c’est le parti qu’a choisi M. Léon de Laborde. Il a senti qu’en demeurant dans le domaine des idées purement théoriques, il ne pouvait intéresser qu’un petit nombre de lecteurs. Il voulait agir sur le goût, et la seule manière de réaliser son dessein était de chercher des leçons dans le passé : il n’a pas hésité, et, avant d’exposer ses vues personnelles sur la question qui est le sujet de son livre, il esquisse rapidement l’histoire des arts et de l’industrie. Ce procédé, conseillé par le bon sens, ne sera pas universellement approuvé, car l’auteur, malgré la modération de son langage, blessera plus d’une prétention. Il ne croit pas qu’il soit permis, même aux plus habiles, de négliger, de traiter comme non avenu ce qui a été fait avant eux. Au premier aspect, c’est la croyance du monde la plus innocente, et cependant elle ne s’accorde guère avec les idées qui règnent aujourd’hui : dans les arts du dessin comme dans la poésie, la tradition n’est pas entourée de respect. Ceux qui prêchent l’originalité ne comprennent pas, ne veulent pas que le présent tienne compte du passé. Ils rêvent une invention étrangère à tout souvenir, et n’hésitent pas à déclarer dangereuse, pour l’intelligence de la génération nouvelle, l’étude des monumens que nous a légués l’antiquité. M. de Laborde ne partage pas leur avis, et je