Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 6.djvu/940

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui devient un trio fort élégamment traité, et une romance au second acte,

Les rossignols amoureux
N’ont qu’un seul nid pour deux,


d’une mélodie distinguée et très bien chantée par M. Faure, sont les seuls morceaux que nous puissions citer du nouvel ouvrage de l’auteur de la Fanchonnette. Ni l’air de soprano que chante Mme Duprez-Vandenheuvel, au second acte, avec tant de maestria et de bravoure, ni les couplets plus saillans du veneur au premier acte, exprimant les plaisirs et les épisodes de la chasse, ne sont des choses à retenir, et qui puissent subsister hors du théâtre. Si le Sylphe obtient un certain nombre de représentations, les auteurs devront cette bonne fortune à M. Faure, qui est tout à fait remarquable dans le personnage de Valbreuse. M. Faure et M. Bonnehée, de l’Opéra, sont les deux meilleurs élèves que puisse revendiquer le Conservatoire de Paris.

L’Opéra-Comique vient encore d’ajouter à son répertoire comique un ouvrage en un acte, l’Avocat Pathelin, qui est une assez joyeuse imitation du Pathelin du XVe siècle. La musique de M. Bazin est un accessoire qui ne gâte rien, et qui a servi aux débuts de M. Berthelier, un élève des Bouffes-Parisiens. M. Berthelier a beaucoup de naturel, et il réussira sur la scène qu’il vient d’aborder, s’il consent à n’avoir pas trop de zèle. Qu’il sache se contenir, et il obtiendra le sourire des gens difficiles.

Nous avons une bonne nouvelle à annoncer aux amateurs de la grande musique : le Théâtre-Lyrique prépare la mise en scène de l’Oberon de Weber, qui n’a jamais été traduit en français ni représenté à Paris. M. Carvalho, le directeur zélé du Théâtre-Lyrique, apporte un très grand soin à cette œuvre pieuse, qui, nous aimons à l’espérer, lui vaudra plus que les bénédictions des admirateurs du génie de Weber. En attendant, M. Offenbach fait danser ses fantoccini au petit théâtre des Bouffes-Parisiens, qui devient décidément une succursale de l’Opéra-Comique ; on y chante parfois mieux qu’un vain peuple de critiques ne le pense, et M’sieu Andry, opérette en un acte de M. Duprato, auteur des Trovatettes, n’est pas à dédaigner. Si vous joignez à ce petit ouvrage, qui a obtenu un succès de bon aloi, l’Imprésario, de Mozart, fleur parfumée tombée par hasard dans une baraque de polichinelles, vous n’aurez point à regretter l’heur qui vous aura conduit en ces parages.


P. SCUDO.