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REVUE MUSICALE


La Rose de Florence. — La Traviata. — Les Opéras-Comiques.


Les théâtres lyriques s’émeuvent, travaillent et cherchent à l’envi les moyens de nous amuser un peu, si tant est que nous soyons encore amusables, comme disait Louis XIV. L’Opéra, qui est toujours le premier théâtre lyrique de l’Europe, à ce que croient et disent les Parisiens, l’Opéra nous prépare une bien agréable surprise pour le commencement de la prochaine année : c’est le Trovatore de M. Verdi traduit en français et chanté par une ancienne pensionnaire du Théâtre-Lyrique, Mme Deligne-Lauters, qu’on a engagée tout exprès pour la circonstance, car le besoin d’entendre le Trovatore sur la scène de l’Opéra se faisait généralement sentir. Il est vrai aussi que M. Verdi ajoutera un récitatif tout neuf à sa partition et des airs de ballet qui ne peuvent manquer de donner à ce rare chef-d’œuvre un lustre de plus ! Voilà ce qu’on prépare pour nos étrennes sur la grande scène qui a vu éclore les chefs-d’œuvre de Gluck, de Piccini, de Sacchini, de Spontini, de Rossini et de Meyerbeer. Pendant ce temps-là, les compositeurs français pourront se promener en long et en large sur le boulevard des Italiens en s’écriant comme ce Spartiate vertueux dont parle l’histoire : « Nous sommes heureux de voir que notre pays a plus de talens qu’il ne lui en faut pour ses menus plaisirs. »

Pour nous faire prendre patience jusqu’à l’apparition du Trouvère, qui fera la joie de tous les bons Milanais qui viendront à Paris soutenir la gloire du seul musicien qu’ils aient eu, on nous a donné la Rose de Florence, opéra en deux actes, dont M. de Saint-Georges, l’auteur des paroles, ne spécifie pas le caractère. L’histoire véridique de cet ouvrage pourrait être inscrite dans le martyrologe des musiciens. On ne saura jamais ce qu’il en a