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ne mettait pas toujours un empressement égal et une aménité constante dans ses communications. Il était l’ennemi déclaré de Halley, ami intime de Newton ; de là des querelles interminables, des injustices et des aigreurs. Scientifiquement même, Newton et Flamsteed n’étaient pas toujours d’accord, et ils se brouillèrent pour la première fois à propos de la comète de 1680, que l’un voyait double et que l’autre voyait simple. Plus tard, Newton voulut que Flamsteed publiât un catalogue d’étoiles. Celui-ci refusa, et assurément il en avait bien le droit. Deux ans se passèrent sans qu’ils eussent d’autres rapports. En 1694, Newton écrivit à l’astronome royal pour obtenir diverses données d’observation relatives aux réfractions atmosphériques et aux mouvemens de la lune. On trouve à ce sujet, dans la correspondance publiée par M. Baily, des lettres intéressantes au point de vue astronomique, qui prouvent que Newton s’était avancé plus loin qu’on n’avait lieu de le croire, mais qui en même temps donnent sur son caractère des notions plus nouvelles encore. Il se montre hautain, impertinent, injurieux parfois, et toujours prêt à soupçonner les intentions de ceux qui ne lui obéissent pas sur-le-champ. Flamsteed était de quatre ans plus jeune que Newton ; sa place était médiocrement rétribuée (100 livres sterling par an), ses occupations nombreuses, sa santé très mauvaise, sa piété fort grande, il est vrai, mais sa résignation médiocre et son caractère détestable. Il se brouilla pour la vie avec W. Molyneux, qui, dans son Traité de dioptrique, avait préféré, pour la solution d’un problème, un procédé de lui Molyneux à un procédé de Flamsteed. À l’occasion des communications sur la lune, les querelles recommencèrent, surtout à propos de Halley, à qui Newton attribuait quelques travaux de Flamsteed, tandis que celui-ci, peu désireux de travailler à la réputation de son ennemi, le traitait souvent d’hérétique et de libertin. Pourtant, vis-à-vis de Newton lui-même, l’astronome royal se mon trait obligeant, et s’il mettait souvent des retards dans ses communications, le mauvais état de sa santé pouvait l’excuser. Il demandait seulement le secret pour ses observations et l’envoi des résultats qu’elles auraient fournis. Par malheur, Newton n’était pas plus soigneux de la réputation des autres que de la sienne, et Flamsteed obtenait rarement satisfaction sur ces deux points. Bien plus, celui-ci un jour communiqua au docteur Wallis, avec des observations qu’il avait faites lui-même sur la lune, quelques calculs et résultats de Newton : cette communication fut conçue en termes bienveillans pour ce dernier, qui s’irrita aussitôt et s’opposa vivement à ce que Flamsteed fit connaître au public les services qu’il lui avait rendus, « ne voulant pas, dit-il, que l’on crût qu’il perdait à des futilités mathématiques le temps qu’il devait à la charge dont la couronne l’avait