aisée à remporter, les préjugés des orientalistes et des savans dont l’influence avait dominé jusque-là dans les plans d’éducation publique adoptés par le gouvernement anglo-indien. Les préjugés des hommes spéciaux avaient si bien dominé dans la question de l’éducation des natifs, que le bengali, l’indoustani, l’urdu, contre l’enseignement desquels on ne pouvait faire valoir l’argument péremptoire des préjugés religieux des natifs, étaient restés en dehors des institutions publiques patronées par le gouvernement anglais. Tous les encouragemens, tous les sacrifices étaient réservés aux établissemens qui répandaient l’arabe, le persan, surtout le sanscrit, langue morte qui joue à peu près dans la société indienne le rôle du grec ancien dans la société européenne. L’entêtement des hommes de science trouvait d’ailleurs un auxiliaire dans cet amour de la routine, cette impuissance d’initiative qui a souvent caractérisé la politique de l’honorable cour des directeurs. Aussi ce fut à des efforts privés que l’on dut dans l’Inde les premières tentatives faites pour diriger l’éducation publique dans une voie rationnelle et progressive. En 1816, plusieurs Européens éminens et quelques natifs éclairés se formèrent en comité à Calcutta et réunirent par souscription une somme de 60,000 roupies, avec laquelle il fut pourvu aux de penses de premier établissement d’un collège hindou, fondé pour enseigner aux natifs la langue anglaise et les sciences modernes. Un succès décisif ne couronna pas cette première expérience ; après six ans d’existence, l’établissement ne comptait pas plus de soixante élèves. Des dissensions qui éclatèrent alors dans le sein du comité allaient conduire cette entreprise à une ruine certaine, quand le gouvernement se décida à intervenir en sa faveur : il fut résolu que l’on réunirait dans les mêmes bâtimens le collège hindou et un collège sanscrit dont la création avait été autorisée par la cour des directeurs.
Les améliorations ne se réalisent pas en un jour dans l’Inde, et les deux écoles réunies ne purent être ouvertes au public qu’en 1827. Les progrès du collège hindou furent rapides et remarquables ; au bout d’un an, il comptait 400 élèves recrutés parmi les familles les plus riches de la communauté native. Le succès intellectuel du nouvel établissement se maintint au niveau de sa fortune matérielle, et si l’on avait pu craindre que l’esprit des jeunes Hindous ne fût qu’un sol ingrat, inhabile à féconder les semences de la science européenne, ces doutes furent bientôt dissipés. Le flambeau de la science eut à peine jeté ses rayons sur ces jeunes esprits, qu’ils en furent comme éblouis, et qu’au sortir des limbes de l’ignorance et des superstitions, ils arrivèrent sans transition à détester et à poursuivre avec fanatisme les idoles qu’ils avaient adorées. Des outrages publics