homme du sud, « que l’esclavage était la base essentielle, la pierre fondamentale des institutions américaines. »
Il n’y avait plus à se faire d’illusions sur l’extinction possible de l’esclavage : le recensement de 1850 avait renversé toutes les espérances que celui de 1840 avait pu faire concevoir. Le nombre des esclaves, qui ne s’était accru que de 23 pour 100 de 1830 à 1840, s’était, dans les dix dernières années, accru de près de 29 pour 100. Partout l’esclavage avait repris sa marche ascendante. Dans le Maryland, de 1830 à 1840, il avait diminué de 12 pour 100 ; de 1840 à 1850, il s’était accru de 1 pour 100. En Virginie, de 1830 à 1840, il avait décru de 4 et 1/2 pour 100 ; de 1840 à 1850, il s’était accru de 5 pour 100. Dans la Caroline du nord, de 1830 à 1840, il était demeuré stationnaire ; de 1840 à 1850, il s’était accru de 17 pour 100. Dans la Caroline du sud, de 1830 à 1840, il s’était accru seulement de 3 pour 100 ; de 1840 à 1850, l’accioissement avait été de 18 pour 100. Dans l’Alabama, l’Arkansas, la Georgie, le Tennessee, la proportion de la population blanche à la population noire avait diminué. Tous ces faits étaient autant de sujets d’alarme pour les adversaires de l’esclavage, et ils paraissent bien plus regrettables encore lorsqu’on cherche à se les expliquer. Ils sont la conséquence des changemens qui se sont opérés dans la nature de l’esclavage aux États-Unis. L’élève des esclaves (negro-breeding) a pris un très grand développement, elle est devenue une des principales industries de la Virginie deux Carolines, qui se chargent d’approvisionner les états riverains du Mississipi. On a maintenant de véritables haras d’esclaves, qu’on donne en louage, et, quant aux produits, on trouve toujours à les écouter avantageusement dans la Georgie le Texas ou l’Alabama. Cette industrie est d’autant plus lucrative que le prix des esclaves a été sans cesse croissant, et elle a pleinement dédommagé la Virginie, la Caroline du sud et le Kentucky à tort que l’appauvrissement du sol avait pu faire à la propriété foncière. La grande culture a continué à décroître dans ces états, mais les propriétaires d’esclaves n’émigrent plus, ils se contentent de renoncer à cultiver le tabac ou le riz, et, au lieu de s’obstiner à demander à la terre des produits qu’elle refuse désormais de porter, ils tournent leurs esclaves vers l’industrie et leur font apprendre des : métiers. Ils font ainsi au travail libre une concurrence funeste, et ils finiront bientôt par ôter aux blancs des classes inférieures tout moyen d’existence. Déplorable pour la communauté tout entière cette spéculation est excellente pour ceux qui l’ont imaginée. Les entrepreneurs qui prennent les esclaves en location se chargent de les nourrir et paient en outre au propriétaire un loyer qui représente souvent 12 et 15 pour 100 du prix d’achat. L’acquisition d’un esclave maçon, charpentier ou charron est considérée comme un des meilleurs placemens qu’on