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habitans le soin de trancher les questions relatives à l’esclavage. Enfin une loi reconnut aux propriétaires du sud le droit de poursuivre et de ressaisir dans les états du nord leurs esclaves fugitifs, et leur assura le concours des autorités fédérales. Ce compromis voté à grand’peine et après les plus orageux débats, n’aurait pas suffi peut-être à apaiser la lutte et à ramener le calme dans les esprits sans le ferme et loyal concours du gouvernement central. M. Millard Fillmore, appelé à la présidence par la mort inopinée du général Taylor, s’acquit en ces jours difficiles les titres les plus sérieux à l’estime et à la reconnaissance de ses concitoyens. Il comprit que le devoir du premier magistrat de la république était de se mettre au-dessus des exigences des partis, de ne prendre conseil que de l’intérêt général. Aussitôt que le compromis eut été voté par congrès, M. Fillmore s’occupa d’en assurer la pleine et entière exécution. Il sut en faire respecter toutes les dispositions par le nord, auquel sa naissance le rattachait lui-même, aussi bien que par le sud. Des bandes armées étaient parties du Texas pour envahir le Nouveau-Mexique et y introduire de vive force l’esclavage : M. Fillmore donna aux troupes fédérales l’ordre de se mettre en marche vers le territoire menacé, et annonça qu’il saurait défendre par les armes les droits constitutionnels du Nouveau-Mexique : les envahisseurs revinrent aussitôt sur leurs pas. La loi sur les esclaves fugitifs n’avait été acceptée qu’avec une extrême répugnance par les états du nord ; des émeutes eurent lieu dans quelques villes quand des propriétaires d’esclaves en réclamèrent l’application. M. Fillmore ne souffrit point qu’on la réduisît à une lettre morte : en une occasion mémorable, il fit entrer dans le Massachusetts les milices d’un état voisin, et des canons furent braqués dans les rues de Boston.

L’énergie de M. Fillmore rallia autour du gouvernement tous les hommes pour qui le maintien de l’Union passait avant toute autre considération. Les hommes modérés de toutes les nuances comprirent que si on laissait les exagérés du nord et du sud mettre à néant le compromis, il n’y avait plus de pacification possible : on allait infailliblement à une lutte au milieu de laquelle le pacte fédéral serait déchiré, et avec la constitution de 1788 périraient l’unité et la grandeur de la nation. Il fallait donc imposer à tous le respect du compromis, et de toutes parts on se mit à l’œuvre avec une ardeur digne d’éloges. Les abolitionistes avaient tenu dans le nord de nombreux meetings pour protester contre la loi d’extradition des esclaves fugitifs : on y répondit par d’immenses réunions en l’honneur du compromis. Daniel Webster et les hommes marquans du nord se firent un devoir de paraître et de prendre la parole dans ces réunion Au sud, on tenait la même conduite, et les hommes qui s’étaient fait le plus remarquer par leur violence dans les luttes des dernières