meil d’aucun de ses confrères. Il n’a jamais connu le bruit de la gloire, et s’il aime la paix de l’obscurité, il peut vanter son bonheur. M. Schnetz, qui obtenait au salon des succès très dignes d’envie à l’époque où Léopold Robert exposait ses Moissonneurs, n’a fait que déchoir depuis qu’il s’est aventuré dans la peinture historique. Expressif et vrai dans les sujets familiers, il n’a pas compris la nécessité de demeurer dans le domaine que lui assignait son talent. C’est une faute qu’il ne pourra jamais réparer. Or les qualités requises dans la peinture historique n’ont pas moins d’importance dans la peinture religieuse. Cependant je m’empresse de reconnaître que le talent de M. Schnetz aurait pu trouver son application dans les sujets bibliques ou évangéliques, pourvu que le cadre de la composition ne fût pas trop étendu. À cette condition, il aurait obtenu de nouveaux et très légitimes succès; mais la peinture murale n’est pas son fait. Quoiqu’il dirige en ce moment pour la seconde fois l’Académie de France à Rome, ce n’est pas sur les fresques du Vatican que s’est portée son attention. Il connaît les mœurs et l’aspect de la campagne romaine, et traduit à merveille les scènes rustiques; il n’a pas fait de la forme humaine une étude assez sévère pour traiter les données bibliques dans de grandes proportions.
M. Alexandre Hesse, dont les débuts ont été accueillis avec une vive sympathie, qui a traité avec une ingénieuse élégance deux sujets de nature diverse, Léonard de Vinci achetant des oiseaux pour leur rendre la liberté et les Funérailles de Titien, agirait peut-être plus sagement en se renfermant dans la peinture anecdotique. Il ne semble pas né pour les grandes entreprises. Entre les œuvres qui ont appris son nom au public et les travaux qu’on lui confie maintenant, l’intervalle à franchir est si considérable, qu’il pourrait bien se repentir de sa confiance en lui-même. M. Leloir, qui n’a jamais attiré l’attention par la nouveauté de ses pensées, se distingue par le respect de la forme. On voit qu’il a étudié les bons modèles; mais il ne paraît pas comprendre le mérite de la variété, ou si d’aventure il le comprend, le public ne s’en doute guère, car ses compositions sont empreintes d’une fâcheuse monotonie. MM. Murat, Biennourry et Signol, pensionnaires de Rome, n’ont pas révélé des facultés bien puissantes. M. Murat, qui vient de mourir, ne s’était jamais attaché qu’à la partie matérielle de la peinture. Il ne manquait pas d’exactitude, mais ne s’avisait jamais d’inventer, et chez lui ce n’était pas dédain, c’était modestie. M. Biennourry a souvent montré le désir de bien faire, et paraît ne rien négliger pour atteindre le but qu’il se propose. C’est assez pour que toutes ses tentatives soient accueillies avec bienveillance, pour que tous ses efforts soient encouragés. Quant à M. Signol, ce qu’il a fait jusqu’ici indique trop clairement ce qu’il fera