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ellipse. Jusqu’à lui, on avait pensé que toutes les planètes ont un mouvement uniforme ; il reconnut que ce mouvement était inégal. Les lois qu’il a découvertes sont le fondement de la mécanique céleste, elles sont connues sous le nom de lois de Kepler, et établissent la vitesse de chaque planète à chaque instant, la figure de l’orbite décrit, et enfin une certaine harmonie entre ces divers mouvemens. Cette dernière loi lui coûta dix-sept ans de travaux et d’hypothèses, telles que l’analogie, déjà supposée par Pythagore et par Archimède, et qu’il crut trouver, entre les distances des planètes au soleil et les divisions de la gamme en musique, idée singulière et qu’on n’a la mais pu démontrer. Cependant à une imagination vive et passionnée pour les explications quelque peu mystiques des phénomènes célestes il joignait une rare opiniâtreté que ne rebutaient pas les calculs les plus fastidieux ; aussi arriva-t-il à trouver la relation compliquée, trop scientifique pour être même énoncée ici, entre la rapidité des planètes et leur distance au soleil. Il mourut de misère et de faim en 1630.

Galilée, le contemporain de Kepler, avait étudié sans maître dans les livres d’Archimède et d’Euclide. Nommé professeur de mathématiques à Pise, il se distingua de bonne heure par son opposition à la philosophie d’Aristote et son admiration pour Copernic ; mais ses dispositions pour la mécanique n’apparurent que vers 1709, à l’âge de quarante-cinq ans. Il commença par des observations télescopiques habiles, puis, appliquant heureusement la géométrie à la théorie du mouvement, il trouva quelques lois inconnues de la mécanique. Il put démontrer ainsi la situation du soleil au centre du monde et son mouvement de rotation sur lui-même. La mécanique avait été négligée, et depuis Archimède ses progrès étaient suspendus ! Galilée commença ce qui devait être continué par Newton. Il découvrit les lois du mouvement des corps qui tombent, la direction des projectiles, la résistance et la cohésion des corps solides et le centre de gravité. C’est par lui que fut démontrée cette loi, qui peut être considérée comme le fondement des découvertes de Newton en mécanique, que l’espace parcouru par un corps qui tombe est proportionnel au carré du temps qu’il met à le parcourir, et que tout corps jeté dans une direction qui n’est pas perpendiculaire à l’horizon décrit une parabole. Toutefois Galilée n’avait pas la prudente habileté de Copernic, et le système du monde fut présenté par lui comme une chose démontrée et non comme une hypothèse. Galilée aimait à se faire des élèves et des amis, et l’Italie a toujours été moins tolérante que l’Allemagne : au nom d’Aristote et de la Bible, il fut arrêté, et la protection de princes et de nobles ennemis du saint-siège et de la domination ecclésiastique n’améliora point son sort. Galilée ne haïssait pas non plus la discussion, et il avait lui-même commencé la querelle