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PEINTURE MURALE





SAINT-SÉVERIN, SAINT-EUSTACHE, SAINT-PHILIPPE DU ROULE.





La décoration des églises telle que la conçoit aujourd’hui la municipalité de Paris présente à la fois un immense avantage et un inconvénient très positif. Avant d’examiner les peintures de Saint-Séverin, de Saint-Eustache et de Saint-Philippe-du-Roule, je crois utile d’appeler l’attention sur ces deux points. Autrement les jugemens que j’aurai à porter pourraient sembler trop sévères. L’avantage dont je parle, c’est la substitution à peu près permanente de la peinture murale à la peinture sur toile. Le choix de ce parti assure à toutes les compositions un effet déterminé, prévu, calculé à loisir. Or chacun sait que très souvent une composition heureusement conçue, qui plaît dans l’atelier, perd la moitié de sa valeur dès qu’elle est placée dans une chapelle. La cause de cette mésaventure n’est pas difficile à découvrir : le jour n’est plus le même, et telle figure qui dans l’atelier recevait une lumière abondante ne reçoit plus qu’une lumière pâle, si bien que l’intention de l’auteur est à peine comprise. La peinture murale prévient ce danger. Comme toutes les figures sont exécutées sur place, il n’y a pas à craindre qu’elles changent d’aspect, qu’elles perdent une partie de leur importance et ne gardent pas le rôle qui leur est assigné. C’est là pour l’homme laborieux qui veut conquérir une solide renommée une excellente condition. Si son œuvre ne réussit pas, si elle n’obtient pas le suffrage des connaisseurs, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même. La lumière qui éclaire les personnages est celle qui les éclairait dès le premier jour. Il n’y a pour