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III.

En dehors du service civil proprement dit (covenanted civil service), on rencontre trois catégories d’employés, — les officiers de l’armée pourvus d’emplois civils, — le service civil auxiliaire, subdivisé en uncovenanted civil service et native agency, — enfin la police.

Les règles d’avancement à l’ancienneté, exclusivement en vigueur dans l’armée de l’Inde, ne laissent au gouvernement d’autre moyen de récompenser un officier bien méritant que de l’appeler à un emploi civil qui double souvent et au-delà sa paie militaire, sans priver cet officier de ses chances d’avancement dans l’armée[1]. Avant ces derniers temps, les officiers de l’armée étaient nommés aux emplois civils suivant le bon plaisir du gouverneur-général. Le marquis de Dalhousie a fait revivre un vieux règlement fort sage en vertu duquel les militaires ne peuvent être revêtus de fonctions administratives ou diplomatiques qu’après avoir été soumis à des examens sur les idiomes du pays, mesure favorable surtout aux officiers de l’armée de la reine, qui jusqu’ici avaient été tenus en dehors de cette branche fort enviée du service indien. L’avancement de l’officier dans la ligne administrative suit un cours à peu près régulier. Ainsi certains emplois sont affectés à des capitaines, d’autres à des majors, d’autres enfin à des colonels. On ne saurait dire cependant que la loi de l’avancement à l’ancienneté soit exclusivement observée, et l’avancement dépend à la fois de l’habileté, des services du fonctionnaire militaire et de l’influence des patrons qui s’intéressent à sa promotion.

Le service civil auxiliaire comprend, avons-nous dit, deux classes distinctes: le service civil auxiliaire proprement dit (uncovenanted civil service) et le service civil natif (native agency). Le premier est composé d’Européens venus dans l’Inde pour y chercher fortune et ayant acquis une certaine connaissance des langues et des mœurs du pays; il admet aussi des individus nés dans l’Inde de parens européens, mais tous ses membres professent le christianisme. Le deuxième, recruté parmi les populations indigènes, est de beaucoup le plus nombreux. Appelé à jouer un rôle important dans l’administration du pays, il mérite qu’on en parle avec quelque détail.

La fortune du service civil natif a vu des phases bien diverses depuis l’arrivée des Anglais dans l’Inde, et ses jours de grandeur ont été suivis de bien près par des jours de décadence. Même plusieurs

  1. Le nombre d’emplois ainsi remplis, emplois qui relèvent du gouvernement suprême, est d’environ 200, savoir : officiers employés sous le gouvernement suprême au département de la guerre, 20; emplois diplomatiques, 80; emplois civils dans les provinces de Tennasserim, Arracan, Punjab (non regulation provinces), 100.