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existence fort libre, et l’on n’exige d’eux rien autre chose que d’assister matin et soir aux prières dans la chapelle, et à deux ou trois heures de leçons publiques. Le reste du temps est à leur libre disposition. Le principal du collège jouit d’un pouvoir discrétionnaire, et peut infliger toutes les punitions sans contrôle, y compris l’exclusion. Les élèves du collège d’Haylebury paient une pension annuelle de 200 livres sterling, et leur nombre s’élève de quatre-vingt-dix à cent. Ils étaient compris dans les limites d’âge de dix-sept à vingt-trois ans sous l’ancien système, mais ils peuvent aujourd’hui figurer sur les bancs d’Haylebury jusqu’à l’âge respectable de vingt-cinq ans[1].

Après avoir passé l’examen final, le writer, c’est là désormais son nom officiel, est dirigé, ses frais de voyage payés, sur celle des trois présidences à laquelle il a été attaché. On comprend facilement que toutes ses études se concentreront désormais sur les langues orientales. Sur le banc du juge, sous la tente du collecteur, dans le durbar du prince indien, partout, à chaque instant de sa vie officielle, l’employé du service civil a besoin de pouvoir converser librement avec les natifs; mais quelle diversité d’études, que de travaux préliminaires pour arriver à une connaissance suffisante des idiomes en usage sur cette terre babélique de l’Inde! dans le Haut-Bengale, c’est le bengali, l’hindostani, l’urdu; dans le Bas-Bengale, le bengali et l’urdu; à Bombay, l’urdu, le mahrate et le guzerati sont également indispensables; enfin, dans la présidence de Madras, il ne s’agit ni plus ni moins, pour l’officier civil, que de posséder le canarèse, le telaya et le tamil.

Après un examen préliminaire, le writer est admis parmi les élèves du collège de Fort-William et appelé à choisir la division de la présidence du Bengale dans laquelle il désire servir. Suivant qu’il

  1. Les personnes compétentes, tout en rendant justice au plan d’éducation suivi à Haylebury jusqu’à ces derniers temps, élevaient contre cet établissement quelques objections motivées. Sous l’ancien système, la limite inférieure d’âge étant fixée à dix-sept ans, l’étude du grec, du latin et des mathématiques prenait un temps considérable aux élèves; aussi, parmi les argumens que l’on a pu faire valoir en faveur du système d’admission au concours public, l’un des plus péremptoires a-t-il été que l’on pourrait de cette manière exclure d’Haylebury tous les cours parasites, et consacrer le temps des élèves dès le premier jour aux études spéciales. Le sanscrit de plus joue un rôle trop important dans l’enseignement d’Haylebury. Le sanscrit est, il est vrai, la langue mère de l’Inde, qui la possède à fond a peu de peine à apprendre les langages qui en dérivent; mais un bien petit nombre d’élus réussit à acquérir une connaissance parfaite de ce langage, difficile entre tous. Ajoutons aussi que l’on s’étonne de ne pas voir des cours de jurisprudence anglaise figurer sur le programme d’une institution destinée à former des hommes publics qui pendant la plus grande partie de leur carrière auront à remplir les fonctions de juge. C’est une lacune qu’on a souvent reprochée au collège d’Haylebury, et qui ne saurait subsister longtemps.