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sion, qui espère peu trouver parmi les candidats un nouveau Pic de la Mirandole capable de répondre de onmi re scibili et quibusdam aliis, prévoit humblement que le chiffre d’excellence ne sera jamais atteint; mais elle explique qu’en formulant ce programme aussi vaste que détaillé, elle a voulu donner des chances aux jeunes gens qui, à des connaissances classiques distinguées, réunissent une certaine habileté dans les sciences mathématiques, ainsi qu’à ceux qui possèdent à un haut degré les sciences naturelles et morales ou les langues européennes.

La nouvelle charte n’a du reste apporté aucune modification à l’éducation des jeunes candidats aux grandeurs de l’administration indienne, et, l’examen subi victorieusement, ils doivent comme par le passé entrer au collège de Haylebury, où ils suivent pendant deux ans les études spéciales qu’exige la profession qu’ils ont embrassée. Le collège de Haylebury est situé à vingt et un milles de Londres, dans le comté de Hertford, et fut fondé il y a trente ans environ, sinon sous l’administration, du moins sous l’inspiration du marquis de Wellesley. Il a déjà été dit, à l’honneur de ce grand homme d’état, que le premier il s’était sérieusement occupé de l’éducation des futurs administrateurs de l’Inde. Le collège d’Haylebury devait n’être, suivant ses plans, que le premier degré d’une éducation qui serait complétée sur les lieux mêmes. L’établissement de Haylebury fut plus heureux que le collège de Fort-William; dans son organisation, la cour des directeurs, sans se laisser arrêter par d’étroites considérations d’économie, suivit presque entièrement les plans originaux du marquis de Wellesley, et l’éducation donnée aux jeunes gens les prépare autant que possible à la carrière qu’ils sont appelés à suivre. Les études des élèves d’Haylebury sont divisées en quatre cours, chaque cours est de six mois et se termine par un examen qui donne l’entrée du cours supérieur[1]. Un examen final ouvre aux élèves d’Haylebury les portes du service civil de l’Inde, et dans le cas où ils ne peuvent subir victorieusement cette dernière épreuve, ils reçoivent en compensation un brevet d’officier dans la cavalerie anglo-indienne.

Les élèves, bien que vivant en commun à Haylebury, mènent une

  1. Les études du premier cours portent sur les six premiers livres de géométrie, le grec et le latin, et les élémens du sanscrit, cette tête de Méduse des langues. Celles du deuxième comprennent l’algèbre, l’économie politique, le persan et le sanscrit. Dans le troisième, on aborde la statique, la dynamique, l’histoire, principalement l’histoire de l’Inde depuis la période des brahmes jusqu’aux conquêtes de Warren Hastings; les études de sanscrit et de persan sont continuées, et enfin les élèves commencent à étudier l’hindostani, celle de toutes les langues orientales qui doit leur être le plus utile. Le quatrième cours n’est guère qu’une continuation du troisième; seulement l’étude de l’astronomie remplace celle de la dynamique et de la statique.