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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1856.

On ne peut tarder sans doute à être informé officiellement par le Moniteur de l’état de la question napolitaine, et à connaître les résolutions convenues entre la France et l’Angleterre. Ou nous nous trompons fort, où les mesures auxquelles se sont arrêtées les deux puissances n’auront point les proportions que la presse et même des documens diplomatiques très bruyans leur ont prêtées depuis un mois. Nous croyons que les publications officielles relatives à cette affaire démontreront deux choses : d’abord que les puissances occidentales n’ont jamais eu l’intention de porter atteinte aux droits de souveraineté du roi de Naples, ensuite que l’on ne se propose pas d’employer à l’égard de ce prince des moyens de coercition. La France et l’Angleterre ont des griefs sérieux contre la cour de Naples, et nous ne doutons point qu’elles n’établissent victorieusement la justice de leurs réclamations. Elles ont jusqu’à présent essayé d’obtenir par voie diplomatique le redressement de ces griefs, et n’ont recueilli que d’opiniâtres refus. Elles ne renoncent pas cependant aux voies diplomatiques ; seulement elles paraissent décidées à en épuiser la dernière ressource, la rupture des relations : les légations britannique et française sont peut-être au moment de quitter Naples. À la veille du jour où la décision des deux puissances sera présentée officiellement au public avec son véritable caractère, toute appréciation hypothétique d’un acte de cette gravité serait déplacée. Il n’y a donc pas lieu de relever les argumens superflus qui se sont échangés dans la presse européenne à propos du droit d’intervention ou du principe de non-intervention. Les journaux autrichiens se sont donné une peine inutile en s’efforçant doctement, à propos des affaires d’Italie, de mettre la politique de lord Palmerston en contradiction avec celle de lord Castlereagh. Lord Palmerston se préoccupe peu de maintenir les traditions de lord Castlereagh, et c’est déjà beaucoup exiger du chef du cabinet anglais que de lui demander d’être toujours d’accord avec lui-même. Il est peu adroit, au sur-