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LES
VOYAGES D’EXPLORATION
EN AFRIQUE

LES SOURCES DU NIL ET L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.
Journal of the royal geographical Society of London. — Church missionary Intelligencer. —
Bulletin de la société de géographie de Paris
, 1848, 1856.


Depuis soixante ans, l’Afrique a été le théâtre d’un grand nombre de voyages qui, à toutes les extrémités et dans l’intérieur de ce continent, ont amené d’importantes découvertes. La page blanche où si longtemps les géographes écrivirent : terre inconnue, se peuple de villes et de nations nouvelles. Des cours d’eau s’y dessinent, de grands lacs s’y révèlent, des montagnes y apparaissent avec leurs pics chargés de neiges jusque sous l’équateur. Enfin c’est un monde entier qui s’ajoute aux conquêtes de la géographie, et qui s’entr’ouvre à l’industrieuse activité, aux influences civilisatrices des nations européennes.

Cependant avec ses populations misérables, peu intelligentes et peu laborieuses, l’Afrique sortira-t-elle jamais de sa longue enfance ? Verra-t-on un jour ses peuples se dégager du chaos où, depuis tant de siècles, ils sont plongés, s’associer à la vie intellectuelle, à l’activité, à la régulière ordonnance de nos sociétés, et compter enfin au nombre des nations civilisées ? Cette question ne pourra être pleinement résolue que lorsque nos missionnaires et nos voyageurs, répandus sur la surface de cette grande terre, auront partout soulevé le voile mystérieux dont elle s’enveloppe encore. L’étude du territoire africain, malgré de notables et récens progrès, est loin d’être terminée ; mais chaque pas fait dans la voie ouverte en ce moment par d’intrépides voyageurs nous rapproche de l’époque où des notions certaines et complètes sur l’Afrique pourront être recueillies et classées par la science européenne.