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L’HISTOIRE ET LES HISTORIENS DE L’ITALIE.

l’Italie, se porte maintenant sur la royauté constitutionnelle de la maison de Savoie. Le marquis de San-Tommaso avait commencé à recueillir et à rassembler ces documens. Ce travail très considérable, interrompu par sa mort, a été continué par M. Scarabelli. Cinq cent trente-deux documens ont été copiés dans les archives de Turin, de Genève, de Berne, de Lausanne, de Fribourg, de Milan, etc. De quatorze cents, il a été fait des extraits choisis. « Toute cette collection de documens, dit M. Scarabelli, je l’ai ordonnée de manière à ce qu’elle représente la partie nouvelle qui devrait entrer dans l’histoire du Piémont et de la Savoie depuis le commencement du xive siècle jusqu’à plus de la moitié du xve siècle. Ce sont des matériaux indispensables à qui voudra écrire l’histoire générale. »

À côté de l’histoire publique, il y a dans ce monde une histoire privée qui ne s’écrit presque jamais ; parfois cependant quelques feuillets de cette chronique des familles et des ménages ont été tracés et conservés par hasard. À ce genre d’histoire, qu’on pourrait appeler l’histoire domestique, appartiennent plusieurs documens de la vie privée à différentes époques, tous instructifs pour l’état économique et financier de l’Italie. Le plus curieux a pour titre : Mémoires d’une famille siennoise. Ce sont les comptes de recette et de dépense d’une mère de famille italienne du xiiie siècle. Dans l’avertissement, qui ne pouvait manquer d’être ingénieux et intéressant, puisqu’il est de Tommaséo, se lisent quelques fines remarques, « Ce simple livre de comptes, dit-il, n’est pas seulement un précieux monument du vieux langage, mais aussi de la vie religieuse, civile, domestique de l’aimable ville de Sienne, de son commerce, de son agriculture, de ses arts, et, sous ces chiffres, qui sait chercher trouve la franche et vivante poésie. La première dépense inscrite est un cierge pour saint Nicolas, puis viendront le couteau de ceinture et le casque du fils de la maison ; mais le cierge vient avant tout. Ce cierge pour saint Nicolas est plus grand que le cierge des autres saints ; ceux-ci sont de 10 ou 12 deniers, celui-là de 26 deniers. C’est que saint Nicolas est le saint des mariniers, des écoliers, des pauvres, des jeunes filles. » Une autre pièce du même genre, mais d’une provenance plus illustre, le livre des comptes du roi Jean pendant sa captivité en Angleterre, vient d’être publié par un écrivain de sa race qui a montré la même valeur sur les champs de bataille, et qui vit exilé là où le roi Jean fut captif. Un grand intérêt s’attache à cette publication, curieuse et historique à plus d’un égard.

En fait de biographie, les Archives contiennent deux volumes de vies d’Italiens illustres. Il n’y a pas, dans le nombre, d’hommes d’une renommée européenne. De ceux-là, les biographies étaient connues et n’ont pas attendu l’Archivio pour arriver à la publicité ; mais on y trouve des vies intéressantes, celle, par exemple, de Philippe Scho-