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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 septembre 1856.

Nous ne nous trompions guère en exprimant le pressentiment que des complications de plus d’une sorte ne tarderaient point à interrompre le calme languissant où depuis quelques mois esprits et choses semblaient s’engourdir. Là, c’est l’affaire de Naples qui marche peut-être vers un éclat, nous n’oserions dire vers un dénoûment, et qui vient de fournir à la Russie l’occasion de faire une rentrée plus singulière qu’heureuse dans la discussion de la politique générale ; ici, dans un ordre d’intérêts différens, dans la situation financière, commerciale, industrielle, se produisent des difficultés qui n’ont point étonné les esprits attentifs et prévoyans, mais qui semblent avoir pris le public à l’improviste. La politique a fini sa saison d’été ; elle aussi, elle traverse les bourrasques de l’équinoxe.

Où en est l’affaire de Naples ? Pour ce qui concerne les résolutions attribuées à la France et à l’Angleterre, nous la croyons moins avancée qu’on ne l’a dit dans les journaux. On est allé jusqu’à annoncer la nature de la démonstration à laquelle s’apprêtaient les gouvernemens français et anglais ; on disait le nombre des vaisseaux et des frégates qui devaient être envoyés dans le golfe de Naples, et l’on en donnait les noms ; on imaginait qu’une escadre autrichienne viendrait assister à cette manifestation, on y faisait figurer aussi une escadre sarde : c’est ce qui s’appelle mener rondement les choses. Les gouvernemens de France et d’Angleterre n’ont point suivi le pas des nouvellistes, car, à l’heure qu’il est, rien n’est encore arrêté entre eux relativement à la nature et à la portée des mesures qui seront prises à l’endroit de Naples. Pour le moment, les puissances occidentales et le roi de Naples ne se parlent plus. Cette grave situation fait présager sans doute les actes dont elle sera suivie. Il est probable que les légations anglaise et française seront rappelées, et que des vaisseaux des deux états iront faire à Naples, pour la protection de leurs nationaux, l’intérim diplomatique. Il est probable aussi que les résolutions finales ne tarderont point à être prises à cet égard, et que la première moitié d’octobre ne se passera point sans qu’il