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du trésor, qui prélève 35 pour 100 sur le produit brut de la vente. Elle garantit en échange les rentrées. Comme rien au Japon ne peut être payé par les étrangers avec de l’or et de l’argent, la chambre du trésor encaisse les valeurs et se charge de tous les paiemens pour les achats de retour de cette catégorie, dont la liquidation a lieu tous les ans. Ce compte porte le nom de fonds ou argent de cambang, et sert en outre à payer les dépenses personnelles de toute nature. Il est tout à fait indépendant du fonds de la compagnie, qui ne peut être employé à cet usage.

Sauf le cuivre et le camphre, qui appartiennent de droit à la première catégorie, le cambang peut prendre en retour tous les produits du Japon à sa convenance, mais il doit les acheter à des fournisseurs patentés et seuls autorisés pour cela. Le privilège de ces fournisseurs est un droit de famille héréditaire. Les marchandises d’importation sont parfaitement distinctes dans les deux catégories. On ne peut sous aucun prétexte en changer le classement ni porter les articles de l’une sur le compte de l’autre.

Examinons maintenant la question des retours qu’on peut faire en dehors du cuivre. C’est la plus importante et jusqu’à présent la moins étudiée. Si le gouvernement de Batavia entrevoit l’espoir d’augmenter l’importance du cambang, comme il le prétend, ce ne peut être qu’en apportant plus de marchandises de cette catégorie au Japon ; mais dans ce cas il doit avoir découvert de nouveaux moyens de retour, ce dont je doute. C’est de là, j’ose l’affirmer, que naîtra toujours le plus grand obstacle au développement de ce commerce. Comme fermier-général et commissaire du cambang[1], j’en ai fait moi-même pendant quatre ans (1845-1849) la difficile expérience. Malgré mon privilège exclusif, qui me garantissait contre toute concurrence, je me suis trouvé le plus souvent embarrassé dans l’emploi de mes valeurs au Japon. Les fanons de baleine, les fromens, les cires végétales, les sayas, les soieries à l’usage de l’Inde, etc., forment les principaux élémens du retour. Les fanons offriraient d’incontestables avantages, mais l’expérience des dernières années a prouvé que les Japonais ne pouvaient en fournir de grandes quantités ; les autres articles que je viens de citer doivent s’exporter modérément : ils n’ont qu’un placement limité, et qui de vient de plus en plus difficile. Puis viennent les laques, les porcelaines et les objets de luxe et de curiosité, dont une partie trouve annuellement un bon placement à Batavia, mais dont les soldes de factures sont d’une défaite quelquefois désastreuse. Que serait-ce donc si des importations considérables au Japon nécessitaient des

  1. Je suis le seul Français qui ai occupé cette position.