Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/635

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

russe, vint en 1811 explorer les côtes des Kurilles. Le commandant étant descendu à terre, les habitans reconnurent qu’il était Russe et l’arrêtèrent ainsi que les hommes qui l’accompagnaient. Conduits à Matsmaé, ils y subirent de longs et minutieux interrogatoires sur les violences exercées par M. Chvostof. Un commissaire extraordinaire fut même envoyé de Yédo pour examiner cette affaire. Ils restèrent deux ans prisonniers, et ce ne fut qu’après avoir positivement affirmé que l’attaque de Séghalien n’avait pas été faite par les ordres du gouvernement russe qu’ils furent relâchés. L’empereur du Japon exigea une preuve écrite de cette déclaration, et il la reçut en 1818 par l’intermédiaire du ministre des Pays-Bas à la cour de Sainte Pétersbourg.

La paix de 1815, qui rendit Java à la Hollande, replaça le commerce du Japon, si on peut lui donner ce nom, dans les conditions où il était en 1790.


III

De 1823 à 1837, la factorerie de Décima se livra souvent à de coupables désordres ; les capitaines des navires et quelques agens firent au moyen du cambang un commerce de contrebande scandaleux. M. Niemann, l’un des chefs les plus habiles qu’ait eus la factorerie, fut envoyé en 1835 au Japon. Il comprit qu’il fallait faire cesser cet état de choses, et c’est d’après ses idées, et à partir de 1837 seulement, que le commerce particulier ou cambang fut affermé par le gouvernement de Batavia à une seule personne responsable, chaque fois pour quatre ans et moyennant un prix d’adjudication qui a beaucoup varié. Ce système a parfaitement réussi. Cependant le gouvernement de Batavia, séduit par des avis intéressés reçus de Décima, vient de replacer, en 1855, le cambang entre les mains de ses employés de la factorerie du Japon.

Les Japonais, depuis les tentatives faites chez eux par d’autres nations, se montrent beaucoup plus confians envers les Hollandais, et le traité conclu par ces derniers en novembre 1855 leur accorde des avantages réels pour les personnes ; mais leur commerce reste provisoirement dans les mêmes conditions, et il attend de nouveaux règlemens pour en sortir. Les préparatifs de toute nature que font du reste les Hollandais pour augmenter l’importance de leurs en vois au Japon permettent de supposer qu’il se prépare de grands changemens très favorables à leurs intérêts. Il est temps que ce commerce se relève de la médiocrité dans laquelle il est tombé.

Les importations annuelles de la factorerie au Japon dans les dix dernières années représentent en moyenne 500,000 francs, et les