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sur les premiers. Ils diminuèrent en même temps l’exportation du cuivre, et forcèrent la factorerie à prendre le solde des retours en cobangs n° 2. Les Hollandais se consolèrent de cette perte en inventant quelque combinaison plus ou moins équivoque avec les régens de Nagasaki, qui combla le déficit. Cependant les Japonais, qui avaient si bien réussi avec leurs cobangs n° 2, en frappèrent une autre espèce en 1710, qui ne valait guère plus de la moitié des anciens, et qui prit le nom de n° 3. L’exportation du cuivre fut encore réduite, et le nombre des navires limité à deux par an seulement. Dix ans après, les Japonais eurent l’impudence de fabriquer encore une nouvelle espèce de cobangs appelée n° 4, et qui perdait plus de 30 pour 100 sur le n° 2, déjà falsifié. On réduisit de nouveau en 1721 l’exportation du cuivre, et l’on ordonna le cours forcé des derniers cobangs, comme solde des retours ; puis en 1730 on remit en circulation les vieux et véritables cobangs sous la dénomination de doubles cobangs, et au prix de 55 fr. environ, tandis qu’ils n’avaient valu autrefois que la moitié.

Que devait penser le gouvernement japonais d’un comptoir qui admettait presque sans murmurer de semblables règlemens, sinon que les bénéfices de ce commerce étaient encore considérables, ou bien que tout cela se regagnait sous main par les plus déplorables combinaisons[1] ? Les Hollandais en avaient trouvé sans doute, car ils commençaient à se résigner aux nouvelles conditions qui leur étaient faites, lorsqu’en 1743 parut un décret impérial qui signifiait que dorénavant un seul navire serait admis tous les ans à Nagasaki, et que les exportations annuelles de cuivre ne dépasseraient plus 7,000 quintaux. On expliquait cette mesure par l’épuisement des mines de cuivre, qui fournissaient depuis plus d’un siècle et demi, concurremment avec l’or, presque tous les retours du Japon.

À la réception de ce dernier décret, le gouvernement de Batavia se demanda s’il ne valait pas mieux, abandonner un pareil commerce. Des menaces non équivoques d’abandonner la factorerie firent obtenir une augmentation de cuivre notable, et procurèrent à la compagnie, terme moyen, de 1746 à 1756, un bénéfice net de plus de 1,300,000 fr. par an.

La régence, enhardie par ce premier succès, fit faire à Yédo, jusqu’en 1761, d’infructueuses démarches pour élargir encore le cercle de son commerce ; mais le gouvernement de Hollande l’en blâma par une lettre motivée en date de 1763. « Attendu, disait cette lettre,

  1. Dans son mémoire présenté le 8 décembre 1756 au conseil des Indes, M. van der Waayen, ancien opperhoofd au Japon, parle avec détail de la falsification des monnaies, mais il explique en même temps et sans détour de quelle façon ces pertes se retrouvaient sous main avec les régens de Nagasaki.