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MAURICE

SECONDE PARTIE.

VII.[1]


Six mois se sont passés. Maurice et Sophie habitent un appartement dépendant de l’hôtel de M. Sorbier. Le jeune ménage a parcouru l’Italie, d’abord seul, puis en compagnie des grands parens, qui n’ont pu rester plus de six semaines sans voir leur fille. Ils sont revenus ensemble après un assez long séjour à Naples. La famille Sorbier a rapporté de son voyage sur la terre classique des arts des impressions diverses. M. Sorbier a remarqué que la campagne de Rome avait une étendue comparable à celle de la Beauce, et qu’on pourrait y faire de belles exploitations agricoles. Mme Sorbier a surtout admiré la quantité extraordinaire d’étoffes anglaises, popeline, madapolam, batiste, qui sont exposées en vente à Livourne. Sophie a donné une attention toute particulière à une danse napolitaine qu’elle se propose d’introduire dans les salons de Paris, où elle fera bonne figure à côté de la redowa.

L’hôtel se ressent encore de l’arrivée toute récente de ses habitans ; des malles et des caisses sont dans les antichambres et dans les corridors ; les meubles ont gardé leurs housses, et les lustres leurs étuis de gaze gommée. On s’installe, et le désordre est partout. Mme Sorbier, ivre d’un voyage que Mme Sabatier n’a peut-être jamais fait, brûle de donner quelques dîners pour en raconter les épisodes.

  1. Voyez la livraison du 15 septembre.